Microbiote cervical postpartum chez les femmes porteuses du VIH
Jusqu’aujourd’hui, l’étude de la communauté microbienne cervico-vaginale après accouchement a été délaissée chez les femmes séropositives, alors que ces dernières présentent un risque accru d’infection par le papillomavirus humain (HPV), premier facteur de survenue de lésions cancéreuses.
- Comprendre les microbiotes
- Microbiote et troubles associés
- Agir sur nos microbiotes
- Publications
- À propos de l’Institut
Section professionnels de santé
Retrouvez ici votre espace dédiéen_sources_title
en_sources_text_start en_sources_text_end
Chapitres
A propos de cet article
Pour la première fois9, des données scientifiques sont fournies sur le microbiote cervico-vaginal postpartum de femmes VIH+. Comme chez les femmes séronégatives à la même période, elles montrent une importante diversité de bactéries. Elles montrent aussi que l’immunodéficience provoquée par le VIH et la dysbiose cervico-vaginale sont suspectées d’être impliquées dans la survenue de lésions précancéreuses.
VIH et risque accru de lésions
On sait qu’un microbiote vaginal dominé par la bactérie Lactobacillus crispatus est associé à un moindre risque d’infection par le VIH et, chez les femmes séropositives, à un moindre risque d’infection par le papillomavirus. À l’inverse, une dysbiose vaginale s’accompagnant d’une plus grande diversité microbienne et d’un appauvrissement en lactobacilles augmenterait le risque d’infection par le VIH et par le HPV, de lésions cervicales précancéreuses et de cancer du col utérin. On sait également que le postpartum s’accompagne d’une modification de la composition du microbiote vaginal en faveur d’une plus grande diversité et d’une baisse de Lactobacillus crispatus. Le microbiote vaginal des femmes VIH+ durant le postpartum les exposerait donc à un risque accru d’infection par le papillomavirus et, par conséquent, de lésions cervicales précancéreuses et de cancer du col de l’utérus.
Quel rôle pour le microbiote ?
Pour vérifier cette hypothèse, des chercheurs brésiliens ont suivi 80 jeunes femmes séropositives sous traitement antirétroviral et ont procédé à l’analyse de leur microbiote vaginal à 6 et à 12 mois du postpartum : quatre types distincts de microbiotes ont été identifiés, dont trois étaient très diversifiés, mais aucun n’était dominé par Lactobacillus crispatus. Les chercheurs ont observé une surabondance de certaines bactéries en cas de lésions cervicales précancéreuses, en particulier Moryella et Schlegellela ; ils ont aussi constaté une hausse de la quantité de Gardnerella vaginalis chez les femmes dont les lésions ont régressé au cours du suivi, mais pas chez celles qui, au contraire, ont développé des lésions.
Ces découvertes ne permettent pas de savoir si les bactéries identifiées causent les lésions cervicales précancéreuses ou en résultent au contraire, mais elles rappellent la susceptibilité des femmes séropositives et précisent la nature des micro-organismes en jeu. Le rôle exact de ces derniers dans le développement des lésions reste donc à déterminer, alors que le cancer du col de l’utérus figure au 4ème rang des cancers féminins, causant plus de 200 000 décès chaque année à travers le monde.