Affections cutanées non pathologiques associées à une dysbiose
Une évolution du microbiote cutané peut également être observée dans des affections cutanées non pathologiques. La peau est en effet constamment exposée à divers facteurs endogènes, exogènes et liés au mode de vie qui peuvent affecter la barrière cutanée dans ses propriétés physiques, mécaniques ou microbiennes19.
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Chapitres
A propos de cet article
INCONFORT, IRRITATION, ÉRYTHÈME FESSIER
La peau sensible est décrite comme « tirant », picotant, brûlant, en réponse à des stimuli qui ne devraient normalement pas provoquer de telles sensations ; elle est observée à la fois chez des personnes à peau normale ou présentant une perturbation de la barrière cutanée19. L’hyperréactivité du système nerveux cutané, la barrière cutanée et le microbiote cutané seraient impliqués19. L’altération de la couche cornée chez les sujets sensibles pourrait ainsi contribuer à une pénétration d’agents chimiques, environnementaux et microbiens associés avec une sensibilité accrue de la peau19.
L’érythème fessier concerne pour sa part uniquement la peau exposée au frottement des couches, à une hydratation excessive, à un pH variable et en contact constant avec l’urine et les selles. Candida albicans et Staphylococcus aureus pourraient être impliqués20.
La sensibilité de la peau serait liée à une hyperactivité du système nerveux cutané, à la barrière cutanée et au microbiote hébergé par la peau.
CICATRISATION DES PLAIES
En réponse à la rupture physique du tissus cutané, le processus de cicatrisation d’une plaie débute par une inflammation qui résulte d’une coopération étroite entre les cellules immunitaires et les bactéries impliquées dans ce processus21. Les bactéries commensales telles que Staphylococcus, Streptococcus, Pseudomonas, Corynebacterium présentent des effets à la fois bénéfiques et négatifs pour la cicatrisation : elles stimulent le système immunitaire de l’hôte et réduisent l’invasion d’autres microbes pathogènes mais cette perte de diversité microbienne va souvent de pair avec une inflammation prolongée, risquant de retarder la cicatrisation21. Cette relation étroite entre l’hôte et son microbiote cutané dans les processus de cicatrisation pourrait ouvrir la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques, comme des crèmes riches en peptides antimicrobiens, en probiotiques destructeurs de biofilms ou en bactéries anti-inflammatoires12,21.
ODEURS CORPORELLES
Les odeurs corporelles humaines résultent de la métabolisation, par des bactéries, des composants de la sueur (acides aminés, acides gras et glycérols), aboutissant à la production de molécules malodorantes : odeur « sulfureuse » ou « aigre » de l’acide acétique produit par Staphylococcus spp chez les enfants et adolescents, odeur «aigre» des thioalcools produits par Corynebacterium et Staphylococcus spp chez les adultes, etc.7 L’utilisation répétée de déodorants et d’antitranspirants modifie la diversité bactérienne axillaire, favorisant les staphylocoques au détriment des Corynebacterium, ce qui serait contreproductif chez les adolescents7.