Fonctions du microbiote et ses interactions avec l’hôte
Longtemps, le microbiote cutané a été considéré comme une source d’infection potentielle. Désormais, il est accepté comme un facteur important de la santé de l’hôte2, même si ses interactions avec l’organisme commencent seulement à être élucidées.
en_sources_title
en_sources_text_start en_sources_text_end
Chapitres
A propos de cet article
RÉDUCTION DE LA COLONISATION PAR DES PATHOGÈNES
S’il reste difficile de définir un microbiote cutané « sain », on considère généralement qu’il rime avec une flore diversifiée et la présence de bactéries commensales2. Ce microbiote équilibré participerait à la protection contre les infections, limitant par sa présence la colonisation par des pathogènes. Ainsi, C. acnes, qui vit dans les glandes sébacées, libère des acides gras à partir du sébum, contribuant à l’acidité de la peau qui inhibe la prolifération de pathogènes8.
D’autres bactéries sécrètent des bactériocines et autres facteurs antimicrobiens : S. epidermidis libère une protéase détruisant les biofilms de S. aureus ; la bactérie nasale Staphylococcus lugdunensis produit un peptide antibiotique actif contre de nombreux pathogènes, dont S. aureus, Enterococcus faecalis, Listeria monocytogenes, Streptococcus pneumoniae et Pseudomonas aeruginosa2.
Enfin, Corynebacterium striatum, modifie le programme transcriptionnel de S. aureus, réprimant les gènes liés à la virulence et stimulant ceux associés au commensalisme6,8. Ainsi, le microbiote cutané maintient son équilibre non seulement par exclusion compétitive mais aussi via de subtiles interactions entre microorganismes6.
MODULATION DU SYSTÈME IMMUNITAIRE
Le microbiote cutané joue également un rôle clé dans le développement et la régulation des systèmes immunitaires innés et acquis2. Il module ainsi l’expression de facteurs de l’immunité innée (interleukine IL-1a, peptides antimicrobiens…) produits par les kératinocytes et les sébocytes6, voire il produit certains de ces facteurs.
Ainsi, S. epidermidis peut, selon les cas, stimuler ou réduire l’inflammation : il inhibe la libération de cytokines inflammatoires par les kératinocytes et les réponses immunitaires des cellules lésées de la peau ; renforce les mécanismes de défense de la peau contre l’infection en augmentant l’expression des gènes codant pour des peptides antimicrobiens ; module l’expression des lymphocytes T de la peau2. S. epidermidis favorise la tolérance envers le microbiote commensal, tout en ajustant les réponses immunitaires face aux pathogènes ou lors de la cicatrisation8. Roseomonas mucosa, Malassezia spp. ou Corynebacterium accolens peuvent également moduler les réponses immunitaires des kératinocytes et de l’hôte8.
Enfin le profil génétique des bactéries intervient également : les souches de Cutibacterium acnes issues de peaux acnéiques possèdent des gènes codant pour des facteurs de virulence qui pourraient expliquer une activité pro-inflammatoire plus élevée. A l’inverse les souches issues de peaux saines, dont ces facteurs sont absents, favoriseraient la production de cytokines anti-inflammatoires8.