Un axe intestin-cerveau-peau ?
en_sources_title
en_sources_text_start en_sources_text_end
Chapitres
A propos de cet article
Plus qu’un axe intestin-peau, faut-il aller plus loin en impliquant le cerveau ?
Dès 1930, les dermatologues Stokes et Pillsbury26 estimaient que les états émotionnels (anxiété, dépression) pouvaient altérer le microbiote intestinal et induire des inflammations locales puis systémiques27. Ils recommandaient à l’époque l’utilisation de lait fermenté pour réintroduire des microorganismes bénéfiques.
Plus précisément, le stress conduirait à la sécrétion de neurotransmetteurs (sérotonine, norépinéphrine et acétylcholine) entrainant une perméabilité intestinale et une inflammation locale et systémique via la circulation sanguine11,23.
Par exemple, le cortisol, hormone du stress, altèrerait la composition du microbiote intestinal, les niveaux des molécules neuroendocrines circulantes (tryptamine, la triméthylamine et la sérotonine), et in fine la barrière cutanée et l’inflammation de la peau25.
La peau pourrait-elle aussi agir sur l’intestin via le système nerveux?
ACNÉ ET DERMATITE ATOPIQUE
Cet axe intestin-cerveau-peau est mis en cause dans des pathologies cutanées. Par exemple, une régulation à la hausse et une forte expression de la substance P (un neurotransmetteur et neuromodulateur des systèmes nerveux centraux et périphériques) sont observées à la fois dans l’acné et la dysbiose intestinale. La substance P est connue pour déclencher l’expression de nombreux médiateurs pro-inflammatoires dont ceux impliqués dans la pathogenèse de l’acné (IL-1, IL-6, TNF-α, PPAR-γ)22,23.
L’axe intestin-cerveau-peau serait également impliqué dans la dermatite atopique25 : un microbiote intestinal altéré modifierait la production de divers neurotransmetteurs et neuromodulateurs, affectant le fonctionnement de la barrière cutanée et le système immunitaire, deux paramètres clés de la pathophysiologie de la dermatite atopique25.
Le tryptophane produit par le microbiote intestinal provoquerait des démangeaisons cutanées, tandis que des lactobacilles et bifidobactéries inhiberaient ces sensations25. D’ailleurs, certains chercheurs s’interrogent sur un effet bidirectionnel de cet axe intestin- cerveau-peau : la peau pourrait-elle aussi agir sur l’intestin via le système nerveux22?