Insomnie : pathologie qui nuit à l’endormissement, à son maintien et à la qualité du sommeil. Généralement lié à des prédispositions d’ordre génétique, hormonal, immunitaire ou encore psychosocial, ce trouble peut avoir de sérieuses répercussions pendant la journée.
Le microbiote intestinal sur le banc des accusés
Le microbiote intestinal pourrait être pointé du doigt au travers de l’axe intestin-cerveau qui permet aux bactéries du tube digestif et au cerveau de communiquer entre eux. Divers travaux chez l’animal ont montré qu’un sommeil perturbé est souvent associé à des changements dans sa composition et ses fonctions (on parle de dysbiose). A l’inverse, la restauration d’une flore intestinale dysbiotique améliore la qualité du sommeil. Ces interactions feraient intervenir des cytokines - des molécules inflammatoires produites par le système immunitaire en réaction à certaines bactéries intestinales -, et expliqueraient l’inflammation observée chez les insomniaques.
Des « signatures » bactériennes de l’insomnie
Pour confirmer, chez l’Homme, ces données souvent issues de travaux menés chez l’animal, des chercheurs ont analysé et comparé le microbiote intestinal et la production de cytokines chez 96 adultes - 20 souffraient d’insomnie aiguë, 38 d’insomnie chronique, 38 dormaient bien et servaient de témoins. Premier constat, les patients insomniaques avaient un taux de cytokine inflammatoire plus élevé que les bons dormeurs et ce taux semblait augmenter avec la sévérité de l’insomnie. Leur microbiote était lui aussi altéré avec un appauvrissement en certaines bactéries connues pour produire des acides gras à chaine courte, molécules aux propriétés anti inflammatoires et bénéfiques pour la santé. Les chercheurs ont par ailleurs identifié des « signatures » bactériennes reflétant la qualité du sommeil et la sévérité de l’insomnie. Ces signatures ont permis de distinguer une insomnie aiguë et une insomnie chronique des individus ayant un bon sommeil.
Vaincre l’insomnie grâce au microbiote ?
Cette étude confirme l’existence d’une modification du microbiote intestinal en cas d’insomnie, dont la sévérité serait liée à la présence ou non de certains groupes bactériens. L’inflammation qui en découle résulterait de la durée de la dysbiose. Le microbiote pourrait donc servir au développement d’outils diagnostiques et thérapeutiques ciblant ce trouble du sommeil.