Vers un marqueur « microbiotique » de l’endométriose ?
Chez les femmes souffrant d’endométriose, les microbiotes buccal, intestinal et vaginal présenteraient des spécificités. De telles signatures bactériennes pourraient, dans le futur, servir de biomarqueurs pour diagnostiquer la maladie et sa sévérité.
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A propos de cet article
L'endométriose touche environ 10 % des femmes en âge de procréer avec des symptômes comme la dysménorrhée, la dysurie, des douleurs pelviennes et une baisse de la fertilité voire une infertilité.
L’un des diagnostics, invasif (cœlioscopie), retarde la prise en charge. D’où l’espoir de trouver un jour un marqueur non invasif.
C’est peut-être désormais chose faite, au regard des résultats de chercheurs australiens portant sur 3 microbiotes (buccal, intestinal et vaginal) afin d’y identifier une signature bactérienne de l'endométriose.
Plus de diversité dans le microbiote buccal et intestinal
Au total, 64 femmes ont été incluses dans cette étude 1 :
- 24 ayant des symptômes gynécologiques mais sans endométriose confirmée par cœlioscopie (N-ENDO)
- 21 avec une endométriose confirmée par cœlioscopie (ENDO)
- et 19 femmes témoins sans symptômes gynécologiques ou sans stérilité (HC).
Les analyses de (sidenote: Diversité alpha Nombre d'espèces coexistant dans un milieu donné. ) ont révélé de premières différences : les témoins sains HC présentaient une plus grande diversité de leurs microbiotes buccal et intestinal (mais pas vaginal) que les groupes N-ENDO et ENDO.
10 % L’endométriose touche près de 10 % des femmes et des filles en âge de procréer à l’échelle mondiale, soit 190 millions de personnes. ²
Des bactéries qui signent la maladie…
Mais surtout, la flore vaginale des femmes souffrant d’endométriose avérée (ENDO) s’est révélée plus riche en Escherichia, Enterococcus et Tepidimonas.
Leurs selles contenaient davantage de Lactobacillus, mais aussi de Phascolarctobacterium, une bactérie connue pour être davantage présente dans le liquide péritonéal de ces patientes, soulevant l’hypothèse d’une possible translocation bactérienne de l’intestin vers le péritoine.
Enfin, Fusobacterium était davantage présent dans la cavité orale : ce pathogène opportuniste, impliqué dans la maladie parodontale, pourrait-il expliquer l’incidence plus élevée de cette inflammation des gencives chez les femmes souffrant d’endométriose ?
… et sa sévérité
Enfin, les microbiotes semblent également signer la gravité de l’endométriose :
- dans les selles, Actinomyces est davantage présente en cas d'endométriose minime/modérée (stades 1 et 2) et Paraprevotellaceae en cas d'endométriose moyenne/sévère (stades 3 et 4)
- le microbiote oral est enrichi en Cardiobacterium en cas d'endométriose minime/modérée et en Fusobacterium en cas d'endométriose moyenne/sévère
- la flore vaginale contient davantage de Blautia, Dorea, Collinsella et Eubacterium en cas d'endométriose moyenne/sévère.
Bien entendu, comme souvent, des travaux complémentaires sur des cohortes plus grandes sont nécessaires pour conforter ces résultats.
Néanmoins, ils laissent espérer le possible développement, dans le futur, d’un dépistage non-invasif de l’endométriose et de sa sévérité. Voire une prise en charge ?
1. Hicks C, Leonardi M, Chua XY, Mari-Breedt L, Espada M, El-Omar EM, Condous G, El-Assaad F. Oral, Vaginal, and Stool Microbial Signatures in Patients With Endometriosis as Potential Diagnostic Non-Invasive Biomarkers: A Prospective Cohort Study. BJOG. 2025 Feb;132(3):326-336. doi: 10.1111/1471-0528.17979.
2. https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/endometriosis