Qu'est-ce qu'une infection urinaire ?
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Chapitres

A propos de cet article
Voici comment Pr. Graziottin répond à cette question posée par ses patientes :

Tout d'abord, les infections des voies urinaires (IVU) sont majoritairement causées par des Escherichia Coli uropathogène (UPEC). De quoi parle-t-on ? Le nom est clair, ce germe est capable d’attaquer la vessie, l'urètre et même les reins, provoquant des infections très graves et d’intensité croissante.
Cet UPEC, Escherichia Coli Uropathogène, appartient à une grande famille, comprenant plus de 100 souches, pour ainsi dire. Ils vivent très heureux. Ils vivent en parfaite harmonie dans notre intestin sans causer de dommages. Cependant, lorsque l'UPEC migre vers les voies urinaires, il peut attaquer les cellules urinaires (par exemple l'urothélium et plus tard la vessie et la paroi urétrale) grâce à des mécanismes de virulence spécifiques.
Ce que nous savons maintenant, c'est que l'UPEC peut attaquer la vessie par trois voies principales :
- La première se fait via la zone périnéale, en attaquant d'abord le vagin puis la vessie. Ce mode d’infection est le plus fréquent dans les situations où la femme a peu ou pas d'œstrogènes, par exemple, lorsqu'il y a une absence de règles du fait des problèmes psychologiques émotionnels ou des troubles alimentaires, ou lorsqu'elle allaite, ou après la ménopause. Dans ces trois cas, où le niveau d'œstrogènes est très faible dans les tissus, nous avons une modification majeure du microbiote de la vulve, du vagin et de la vessie, et ce microbiome devient plus vulnérable à l'attaque de l’Escherichia coli uropathogène.
Important : la vessie possède son propre microbiome protecteur naturel. Dans des conditions saines, un tiers des bactéries présentes dans la vessie sont similaires aux lactobacilles vaginaux !
Les médecins doivent évaluer avec attention la situation clinique. Lorsque cela n’est pas contre-indiqué, un traitement local aux œstrogènes et à la testostérone dans le vagin (avec de la testostérone appliquée dans la partie supérieure du vagin) est la première stratégie efficace visant à restaurer les lactobacilles protecteurs, dans le vagin, l'urètre et la vessie. Cela a un effet anti-inflammatoire, réparateur et reconstructeur majeur.
- Deuxièmement, l'Escherichia coli uropathogène, qui est spécialisé dans l'attaque de la vessie, peut attaquer via la réactivation de ce que l'on appelle les « communautés bactériennes intracellulaires » (IBC). Qu'est-ce que cela signifie ? Au cours de la première, de la deuxième ou de la troisième crise de cystite, l'Escherichia coli enlève son manteau, attaque les cellules qui tapissent la partie interne de la vessie et de l'urètre, pénètre dans la cellule et devient résident. On parle de communautés bactériennes intracellulaires résidentes qui sont presque dormantes, mais deviennent très agressives, par exemple, 24 à 72 heures après les rapports sexuels, provoquant une cystite post-coïtale
- Ils peuvent également attaquer la vessie à travers la paroi intestinale. Ils peuvent attaquer à travers la paroi intestinale lorsque la femme souffre d’un syndrome de l’intestin irritable, de diarrhée, de constipation, d'intolérance alimentaire au lactose ou au gluten, ou après une prise d’antibiotiques. Un déséquilibre intestinal (dysbiose intestinale) fragilise la paroi du côlon, entraînant une hyperperméabilité intestinale (« leaky gut syndrome »). Les bactéries peuvent alors passer dans la circulation sanguine ou lymphatique et atteindre directement la vessie et l’urètre.
Ainsi, trois voies principales par lesquelles l’UPEC peut attaquer sont : La première à travers la zone périnéale, attaquant d'abord le vagin puis la vessie, plus particulièrement pertinent lorsque les œstrogènes sont faibles. Deuxièmement, par la réactivation d'Escherichia coli déjà résident à l'intérieur de la paroi de la vessie. Et troisièmement, via l'intestin lorsque des symptômes intestinaux sont constatés.
Une bonne collaboration avec un gastro-entérologue compétent est donc essentielle pourégalement traiter cette composante de l'infection de la vessie provenant de l'intestin.