Microbiote du nourrisson : un héritage également paternel
Si la mère est la première à ensemencer le tube digestif du nouveau-né lors d’une naissance par voix basse, le père participe également à la construction du microbiote de l’enfant, et de plus en plus au fil des mois. Ce don complémentaire de flore s’avère primordial chez les enfants nés par césarienne, en partie privés de la flore de leur mère.
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A propos de cet article
A la naissance, le nouveau-né acquiert une partie de la flore vaginale et fécale de sa mère lors de l’accouchement. Mais en cas de césarienne, cet ensemencement initial se trouve perturbé, facilitant la colonisation par des pathogènes.
De nombreuses questions demeurent sur cette première flore digestive : quelles sont les dynamiques d’ensemencement du système digestif ? D’où viennent les autres microorganismes, l’enfant ne partageant avec sa mère que la moitié de son microbiote ?
Suspectant un rôle du père, des scientifiques 1 se sont penchés sur le partage et la dynamique de transmission des flores intestinales mère- et père-enfant. Et ce, en étudiant les données de 53 familles de nourrissons nés par voie basse et 21 par césarienne, issues de la cohorte longitudinale finlandaise HELMi 2 ainsi que 7 familles de la cohorte SECFLOR 3 (enfants nés par césarienne avec une (sidenote: Transplantation de microbiote fécal (TMF) Procédure thérapeutique visant à restaurer le microbiote intestinal en transférant des bactéries fécales d'un donneur sain à un receveur Approfondir https://www.science.org/doi/10.1126/scitranslmed.abo2750 ) ).
1/4 Les accouchements par césarienne représentent actuellement plus d'un quart des naissances dans le monde. ¹
Le microbiote paternel : stable et complémentaire
Les échantillons prélevés sur les nourrissons, mères et pères suggèrent que la transmission du microbiote intestinal paternel vient compléter l'ensemencement maternel.
Mais surtout, alors que la contribution maternelle diminue après l'inoculation initiale pendant la naissance et est perturbée en cas de césarienne, le père est une source stable qui ensemence le microbiote intestinal de l’enfant, indépendamment du mode d'accouchement.
Et une source de taille : lorsque l’enfant souffle sa première bougie, la contribution du père est comparable à celle de la mère. L’étude montre également que les chevauchements entre les souches paternelles et maternelles sont rares, soulignant la complémentarité de ces deux sources à la construction du microbiote infantile en début de vie.
Des données qui soulignent l’important rôle du père en tant que source de micro-organismes. Un rôle d’autant plus important que, lors des accouchements par césarienne, seules les mères reçoivent une prophylaxie antibiotique. La flore du père, préservée, devient primordiale.
60 % des personnes interrogées ne savent pas que le mode d’accouchement a un impact sur le microbiote intestinal des nouveau-nés. ⁴
Une TMF fécale plutôt que vaginale
Autre découverte : alors que les transferts de microbiote maternel vaginal, moins diversifié que le microbiote intestinal, avaient précédemment montré un intérêt limité, cette étude souligne l’intérêt d’une TMF de microbiote fécal maternel, qui compense les effets de la césarienne :
- la richesse microbienne du microbiote du nouveau-né est restaurée avec notamment une hausse des Bacteroides (B. dorei, B. fragilis et B. vulgatus) et Bifidobacterium (B. adolescentis, B. pseudocatenulatum et B. longum),
- la colonisation par des pathogènes tels que Clostridium perfringens, Enterococcus faecalis, Klebsiella oxytoca, Klebsiella pneumoniae est réduite,
- et les effets persistent dans le temps (au moins 1 an).
Par ailleurs, les chercheurs observent une colonisation préférentielle par des bactéries capables de dégrader les sucres du lait maternel. Autant de souches qui pourraient être développés dans de futurs probiotiques pour nouveau-nés.