Ostéoporose : comment le microbiote peut fragiliser les os
Pourra-t-on un jour prévenir et soigner l’ostéoporose en agissant sur le microbiote intestinal ? C’est ce que suggèrent les résultats d’une étude chinoise publiée dans la revue Frontiers in Immunology.
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A propos de cet article
Avec près de 30 % des femmes de plus de 50 ans concernées, l’ostéoporose est un problème majeur de santé publique qui se caractérise par une fragilisation osseuse susceptible d’entraîner des fractures à répétition. Les mécanismes en jeu dans cette maladie ne sont pas tous connus, mais un nombre croissant d’études suggèrent que l’inflammation pourrait augmenter les risques.
Une femme sur trois Est atteinte d’ostéoporose après la ménopause. Les hommes ne sont pas épargnés puisqu'un homme sur cinq est victime de fracture due à l’ostéoporose après 50 ans.
Le microbiote intestinal : une piste encore peu explorée
On sait que certains microorganismes du microbiote intestinal et vaginal sont capables de moduler la réponse immunitaire et d’impacter le système inflammatoire. Pourraient-ils être impliqués dans l’ostéoporose ? C’est ce que des chercheurs de l’Université de Zhengzhou en Chine ont tenté de savoir.
Ils ont enrôlé 132 femmes âgées de 45 à 70 ans, toutes ménopausées depuis plus d’un an, et les ont classées en 3 groupes suivant la densité de leurs os : « sans problème osseux », « densités osseuses légèrement diminuées » et « ostéoporose ». Les scientifiques ont recueilli les selles et les sécrétions vaginales de l’ensemble de ces femmes volontaires pour analyser et comparer leurs microbiotes vaginaux et intestinaux.
Résultats : les microbiotes des femmes souffrant d’ostéoporose ont des compositions différentes de ceux des deux autres groupes, et cette différence est particulièrement visible au niveau intestinal (1).
Le microbiote intestinal
Des bactéries propices à l’inflammation
La flore intestinale des femmes souffrant d’ostéoporose était plus riche en bactéries dont la présence est associée à un taux plus faible d’interleukine IL-10, molécule aux propriétés anti-inflammatoires, mais aussi en bactéries associées à la production de cytokines « pro-inflammatoires » favorisant la destruction de l’os.
Il était en revanche plus pauvre que les autres en espèce bactérienne produisant du butyrate, un (sidenote: Acides Gras à Chaîne Courte (AGCC) Les acides gras à chaîne courte sont une source d’énergie (carburant) des cellules de l’individu, ils interagissent avec le système immunitaire et sont impliqués dans la communication entre l’intestin et le cerveau. Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25. ) (AGCC) ayant des propriétés anti-inflammatoires, et en bifidobactéries qui améliorent l’absorption intestinale de calcium, indispensable à une bonne densité osseuse.
Côté microbiote vaginal, les femmes souffrant d’ostéoporose avaient, par rapport aux autres, moins de lactobactéries, connues pour atténuer la réponse inflammatoire et ses effets néfastes, et plus de streptocoques qui, au contraire, la favorisent.
L’os, un tissu en perpétuel remaniement
Vous pensiez que l’os, une fois sa taille maximale atteinte, ne subissait plus de modifications ? Détrompez-vous ! L’os est en remodelage permanent, même à l’âge adulte. Deux types de cellules interviennent dans ce phénomène : les ostéoclastes qui suppriment l’os ancien et les ostéoblastes qui forment de l’os neuf. Quand on est en bonne santé, leurs activités respectives sont équilibrées, et l’os est régénéré en permanence. Cependant, il arrive qu’à la ménopause le manque d’œstrogène favorise l’action des ostéoclastes et freine celui des ostéoblastes : l’os se résorbe davantage et son architecture se fragilise. C’est l’ostéoporose. (2)
Vers des thérapies ciblées pour mieux prévenir l’ostéoporose ?
Pour les chercheurs, ces changements de composition sont fondamentaux. Ils pourraient un jour être utilisés pour mettre au point des thérapies ciblées ou encore servir de biomarqueurs pour mieux prévenir l’ostéoporose.
1. Yang X, Chang T, et al. Changes in the composition of gut and vaginal microbiota in patients with postmenopausal osteoporosis. Front Immunol. 2022 Aug 12;13:930244.
2. Florencio-Silva R, Sasso GR, et al. Biology of Bone Tissue: Structure, Function, and Factors That Influence Bone Cells. Biomed Res Int. 2015;2015:421746.