Un lien entre douleurs post-opératoires, cancer du sein et microbiote intestinal ?
C’est une première : une équipe a identifié des bactéries intestinales associées à la présence ou à l'absence de douleur post-chirurgicale persistante plusieurs mois après une chirurgie du cancer du sein.
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A propos de cet article
En chirurgie, on parle de douleur post-chirurgicale persistante (ou PPSP) lorsque la douleur reste significative au moins 3 mois après l’intervention.
Un mal qui touche des millions de patients dans le monde et face auquel la science reste encore assez désarmée, même si l’on sait que certains facteurs y prédisposent (type de chirurgie, intensité de la douleur avant l’opération, attitude du patient face à la douleur, facteurs génétiques).
Néanmoins, une nouvelle piste se dessine, à laquelle on n’aurait pas forcément pensé de prime abord : celle du microbiote… intestinal, avec, en filigrane, le fameux
(sidenote:
Axe intestin- cerveau
Réseau de communication bidirectionnel entre l'intestin et le cerveau, qui permet à l’intestin et au cerveau de communiquer via trois voies différentes :
1. la voie neuronale, principalement par le nerf vague et le système nerveux entérique,
2. la voie endocrinienne en secrétant des hormones, telles que le cortisol, l’adrénaline ou la sérotonine
3. la voie immunitaire, via la modulation des cytokines
)
.
Ainsi, manipuler avant une opération le microbiote intestinal à l'aide de probiotiques ou de prébiotiques pourraient réduire l'incidence de la PSPP. C’est en tout cas ce qu’avait suggéré une étude préliminaire montrant que certaines bactéries du tube digestif sont associées à la douleur après une chirurgie pour une fracture du poignet. Et ce que semble confirmer une étude irlandaise 1 qui porte cette fois sur des femmes opérées pour un cancer du sein.
2,3 millions En 2022, 2,3 millions de femmes ont été diagnostiquées avec un cancer du sein dans le monde, et 670 000 décès ont été recensés ²
1ère cause de cancer Dans 157 pays sur 185, le cancer du sein était la première cause de cancer chez les femmes ²
Environ 99 % des cancers du sein surviennent chez les femmes, contre 0,5 à 1 % chez les hommes ²
Des bactéries intestinales associées à la présence ou à l'absence de douleur
Trois mois après leur opération, la moitié des femmes témoignait de douleurs persistantes, tandis que l’autre moitié ne souffrait pas particulièrement. Une différence qui était liée à la diversité de leur microbiote intestinal : les patientes signalant une douleur sévère 1 heure et 3 mois après l’opération possédaient une flore intestinale moins diversifiée, comparativement à celles des femmes souffrant peu.
Mais surtout, certaines bactéries semblaient associées à la présence ou à l'absence de douleur post-chirurgicale persistante à la suite des interventions subies pour un cancer du sein : les femmes qui n'ont pas signalé de douleur 3 mois après l'opération abritaient dans leurs intestins davantage de bactéries connues pour leur effets bénéfiques (Bifidobacterium longum et Faecalibacterium prausnitzii), tandis que les femmes souffrant de PSPP hébergeaient davantage de Megamonas hypermegale, Bacteroides pectinophilus, Ruminococcus bromii et Roseburia hominis.
La découverte est de taille ! Pour autant, attention : il ne s’agit que de d’association et en aucun cas de liens de causalité. A ce stade, on ne peut pas encore dire que telle ou telle bactérie induit ou réduit la douleur…