Rhinite allergique : sortez les mouchoirs et suivez la dysbiose
Si elle est loin d’avoir livré tous ses secrets, on sait que la rhinite allergique est associée à un déséquilibre du microbiote respiratoire. Mieux caractériser cette dysbiose pourrait aider à mettre au point des traitements ciblés et individualisés.
- Comprendre les microbiotes
- Microbiote et troubles associés
- Agir sur nos microbiotes
- Publications
- À propos de l’Institut
Section professionnels de santé
Retrouvez ici votre espace dédiéen_sources_title
en_sources_text_start en_sources_text_end
A propos de cet article
Quand printemps rime avec… éternuements ! Démangeaisons, picotements, nez qui coule, yeux qui pleurent .. chaque année, l’arrivée du printemps et ses concentrations de pollens marquent le retour en fanfare du rhume des foins. La rhinite allergique - communément appelé rhume des foins - et son cortège de symptômes empoisonnent la vie de (sidenote: Cheng L, Chen J, Fu Q, et al. Chinese Society of Allergy Guidelines for Diagnosis and Treatment of Allergic Rhinitis. Allergy Asthma Immunol Res (2018) 10(4):300–53. Eifan AO, Durham SR. Pathogenesis of Rhinitis. Clin Exp Allergy (2016) 46 (9):1139–51. ) . Complexe, cette pathologie résulte d’une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux, parmi lesquels une interaction entre un déséquilibre du microbiote respiratoire et la réponse anormale et excessive du système immunitaire. Mais quel rôle joue cette dysbiose ? Et quels sont les microorganismes impliqués ?
40% La rhinite allergique toucherait jusqu’à 40% de la population mondiale avec une forte prévalence.
1 personne sur 4 Soit une personne sur quatre, dans les pays industrialisés.
Un microbiote respiratoire déséquilibré
Pour le savoir, une équipe chinoise a comparé, à partir de prélèvements nasaux, le microbiote respiratoire de 28 personnes souffrant d’épisodes aigus de rhinite allergique saisonnière à celui de 15 individus non allergiques. Résultats : aucune différence entre les deux groupes en termes de diversité et d’abondance des microorganismes, mais d’importantes disparités au niveau de leur composition. Prédominants au sein du microbiote respiratoire des individus en bonne santé, les genres bactériens Moraxella, Haemophilus, Streptococcus et Flavobacterium ont laissé place aux genres Klebsiella, Prevotella et Staphylococcus chez les personnes allergiques. Au total, les chercheurs ont ainsi identifié 10 genres bactériens surreprésentés chez ces dernières.
Le rhume des foins
Le rhume des foins (ou rhinite allergique) est une pathologie chronique très fréquente qui touche aussi bien chez les enfants que chez les adultes.
C’est une maladie inflammatoire de la muqueuse nasale qui s’accompagne d'un ou plusieurs symptômes nasaux, notamment le prurit nasal (démangeaison, picotement), les éternuements, la rhinorrhée (nez qui coule) et la congestion nasale (nez qui coule).
Un métabolisme perturbé
Les scientifiques ont ensuite recouru à la métabolomique sérique, une technique qui consiste à analyser la concentration des (sidenote: Métabolites Petites molécules produites au cours du métabolisme cellulaire ou bactérien. Les acides gras à chaine courte sont par exemple des métabolites produits par le microbiote intestinal lors de la fermentation de sucres complexes non digestibles (fibres…). Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25. Lamichhane S, Sen P, Dickens AM, et al An overview of metabolomics data analysis: current tools and future perspectives. Comprehensive analytical chemistry. 2018 ; 82: 387-413 ) dans le sérum. Elle a révélé la présence de 26 métabolites différenciant les personnes allergiques des personnes en bonne santé. Autre découverte, la présence de16 voies métaboliques altérées, dont celles des acides arachidoniques déjà connue pour produire des médiateurs inflammatoires impliqués dans certaines maladies inflammatoires comme l’asthme allergique.
Le microbiote respiratoire
Vers des traitements individualisés ?
Combinés, les résultats de ces deux approches confirment l’hypothèse d’une influence de la réaction inflammatoire d’origine allergique sur l’équilibre du microbiote respiratoire. Surtout, ils fournissent d'importants biomarqueurs candidats susceptibles d’être utilisés pour le diagnostic de la rhinite allergique. Les auteurs suggèrent donc de poursuivre ces travaux pour affiner l’identification des différents sous-types de rhinite allergique (saisonnière/perannuelle, intermittente/persistante, légère/modérée/sévère), ce qui pourrait ouvrir la voie au développement de traitements individualisés... et la fin du calvaire pour des milliers de personnes.