Prévenir l’allergie aux arachides via le microbiote ?
Les patients destinés à développer une allergie à l’arachide pourraient avoir une signature microbienne spécifique avant même que l’allergie ne se manifeste, et ce dès les premiers mois de leur vie.
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A propos de cet article
Un nombre croissant de travaux met en avant l’existence de signatures microbiotiques distinctes selon les allergies alimentaires. Ce champ de recherche contribue à positionner le microbiote comme un acteur central dans le développement de ces allergies. Une nouvelle étude longitudinale publiée récemment dans le Journal Of Allergy & Clinical Immunology apporte un nouvel éclairage sur les liens qui pourraient exister entre le développement d’une allergie à l’arachide et le microbiote.
Cette allergie se développant généralement pendant la petite enfance, les chercheurs ont étudié le microbiote d’enfants susceptibles de manifester une allergie à l’arachide aux âges de 10 mois (SD : 3,1), puis à 9 ans (SD : 0,6). Dans cette population, 35 (28,7%) enfants ont développé une allergie à l’arachide avant l’âge de 9 ans.
Une signature du microbiote intestinal différente dès les premiers mois
Ces 35 enfants du groupe PA (Peanuts Allergy) présentent un microbiote moins divers à l’inclusion (p=0,014) que le groupe NPA (Non Peanuts Allergy). Ce microbiote se diversifie avec l’âge tandis que celui du groupe NPA reste stable.
A l’âge de 9 ans, les deux groupes présentent une diversité microbiotique comparable.
A l’inclusion, le groupe PA présente une plus grande proportion de Clostridium sensu stricto 1 sp tandis que Streptococcus sp est plus présent dans le groupe NPA. A 9 ans, l’abondance relative de ces deux espèces s’est normalisée dans les deux populations. A l’inverse, celle de l’espèce Bifidobacterium sp chute chez le groupe PA jusqu’à devenir plus présente dans la population NPA.
Le développement de l’allergie est identifié comme associé à une modification des niveaux de 139 métabolites du métabolome (FDR≤ 0,05). Ces métabolites sont associés avec une voie de métabolisme de l’histidine (FDR = 0.037, pathway impact =0.28).
Six acides gras à chaines courtes ont été particulièrement étudiés. Le groupe PA montre une baisse des niveaux de butyrate et d’isovalerate tandis que le niveau d’isovalerate reste stable dans le groupe NPA avec une augmentation du butyrate.
Vers un mécanisme physiopathologique de l’allergie à l’arachide ?
Les auteurs émettent l’hypothèse que la plus faible diversité du microbiote des nourrissons PA pourrait suggérer qu'ils ont eu des communautés intestinales moins stables pendant cette phase de développement rapide du système immunitaire.
La baisse de l’abondance relative de Bifidobacterium sp, connu pour son utilisation en probiotique anti-allergique et pour entrainer l’apoptose des mastocytes chez la souris, pourrait également jouer un rôle dans le développement des allergies.
Les auteurs notent également que les micro-organismes présents dans les intestins des enfants prédisposés à développer cette allergie, abritent des espèces capables de produire des métabolites issus de la voie métabolique de l'histidine, précurseur de l'histamine, effecteur caractéristique des réactions allergiques.
Cette étude permet donc de progresser dans la compréhension des liens étroits entre microbiote et allergie et pose la question du potentiel d’une supplémentation du microbiote intestinal pour prévenir l’allergie à la cacahuète.