Microbiote déséquilibré à 1 an, allergie à 5 ans ?
Un retard de maturation du microbiote intestinal pendant la petite enfance semble signer de manière universelle un développement futur d’allergies. Les métabolites en jeu pourront-ils servir de marqueur voire permettre de prévenir ces allergies ?
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A propos de cet article
L'asthme, la rhinite allergique, l'allergie alimentaire et la dermatite atopique sont souvent étudiés de manière isolée malgré de nombreux mécanismes similaires (réponses inflammatoires, IgE). Et si le microbiote intestinal, dont la maturation se fait en parallèle de celle du système immunitaire du nourrisson, était un autre point commun ? Pour le savoir, les données de 1 115 enfants de la vaste étude longitudinale (sidenote: https://childstudy.ca/ ) ont été retenues : 592 enfants diagnostiqués avec un ou plusieurs troubles allergiques après leurs 5 ans et 523 enfants sans aucun signe de sensibilisation allergique. Une régression a fait apparaître plusieurs facteurs de risque comme le sexe masculin, les antécédents paternels ou maternels, ou encore l’utilisation d'antibiotiques avant l'âge de 1 an. L’allaitement jusqu'à l'âge de 6 mois et l’origine caucasienne semblent protecteurs.
Un microbiote intestinal moins mature
L’analyse de selles recueillies lors des visites à 3 mois et 1 an montre un retard de diversification du microbiote des futurs allergiques : autant les enfants témoins présentaient, à leur un an, une flore intestinale correspondant à leur âge, autant les futurs allergiques présentaient un retard de maturation de leur microbiote. Ainsi, une moindre maturation du microbiote à 1 an semble associée à un risque accru d’une maladie allergique à l’âge de 5 ans, quelle que soit l’allergie.
… et dysbiotique
Une dysbiose intestinale à un an caractérise aussi les futurs allergiques : appauvrissement en 4 espèces bactériennes productrices d’acides gras à chaîne courte (Anaerostipes hadrus, Fusicatenibacter saccharivorans et Eubacterium hallii productrices de butyrate, et Blautia wexlerae productrice d’acétate) ; et abondance accrue en 5 bactéries généralement considérées comme pathogènes (Eggerthella lenta, Escherichia coli, Enterococcus faecalis, Clostridium innocuum et Tyzzerella nexilis). L’enrichissement en C. innocuum et T. nexilis serait corrélée à l'utilisation d'antibiotiques ; l’abondance de C. innocuum, E. lenta, E. faecalis et T. nexilis dépendrait de l'allaitement ou non à 6 mois ; celle de C. innocuum et d'E. lenta à l'atopie paternelle ; etc.
Des métabolites pour prédire ou prévenir ?
En parallèle, les chercheurs ont identifié 11 voies métaboliques significativement modifiées dans au moins 2 des diagnostics d'allergie : 9 voies délétères corrélées principalement à E. coli et 2 voies protectrices liées aux bactéries B. wexlerae, F. saccharivorans, A. hadrus et E. hallii.
L’analyse des métabolites aboutit à des associations à l’âge prédit par le microbiote intestinal : des amines traces (phényléthylamine, tryptamine et tyramine) élevés favoriseraient l’inflammation et réduiraient la production de butyrate. Ainsi, l’association entre une maturation altérée du microbiote et les allergies à 5 ans semble médiée par ces métabolites qui pourraient représenter des cibles de choix pour prédire et/ou de prévenir le développement d’allergies pédiatriques.