Anorexie : la piste du microbiote intestinal ?
Et si l’anorexie mentale, qui tue encore entre 5 et 16 % des patients, était liée à une bactérie de notre microbiote intestinal : Roseburia ? Ou plutôt à l’absence de cette bactérie. Un nouvel espoir thérapeutique à l’étude ?
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A propos de cet article
Se voir énorme alors que l’on est maigre (dysmorphophobie), éprouver une peur panique à l’idée de prendre le moindre gramme : voici les principales caractéristiques de l’anorexie mentale. Et si le microbiote intestinal était impliqué ?
entre 5 et 16 % l’anorexie mentale, tue entre 5 et 16 % des patients
Anorexie mentale : un TCA très féminin
Ce trouble des conduites alimentaires (TCA), qui apparaît en général à l’adolescence, concerne avant tout les femmes (les hommes sont 10 fois moins touchés). Entre 0,9 et 3 % d’entre elles en souffriraient, s’infligeant soit des restrictions alimentaires, soit des épisodes de boulimie suivis de purge par vomissements et/ou usage de laxatifs.
Roseburia : des bactéries aux abonnées absentes…
Plusieurs études ont tenté d’évaluer l’implication du microbiote intestinal dans la pathologie, apportant des résultats divergents. Pour y voir plus clair, une équipe a repassé au crible les données de 3 précédentes études comparant la composition du microbiote intestinal de patientes anorexiques vs témoins en bonne santé. Les résultats ? Seules les espèces bactériennes du genre Roseburia sont en berne chez les anorexiques. Et rien ne semble pouvoir changer cet état de fait. Pas même des soins hospitaliers conduisant à une amélioration de l’état des patientes, ni même une prise de poids : ces bactéries restent et demeurent moins abondantes et moins diversifiées chez les patients anorexiques. De quoi suggérer que ces bactéries intestinales joueraient un rôle dans la mise en place de la maladie… éloignant l’hypothèse que leur diminution aurait pu être la conséquence de la maladie.
The gut microbiota
…avec un capital santé
Or, les Roseburia sont les alliés santé de notre microbiote intestinal : en décomposant les fibres que notre système digestif n’a pas digéré, elles fabriquent des (sidenote: Acides Gras à Chaîne Courte (AGCC) Les acides gras à chaîne courte sont une source d’énergie (carburant) des cellules de l’individu, ils interagissent avec le système immunitaire et sont impliqués dans la communication entre l’intestin et le cerveau. Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25. ) . Ces petits acides gras sont connus pour réguler l'inflammation et maintenir l’équilibre de nos fonctions intestinales : grâce à eux, notre barrière épithéliale est renforcée, le transit de notre colon correctement régulé. Et ce n’est pas tout : l’effet bénéfique de Roseburia dépasserait notre seule santé digestive puisque sa présence semble aller de pair avec l’amélioration de plusieurs marqueurs santé de notre organisme, comme la concentration dans notre sang de triglycérides, de pré-albumine ou de fer par exemple. Enfin, cerise sur le gâteau, même si ce point reste encore à confirmer : Roseburia pourrait aussi nous aider à voir la vie en rose, sa déplétion étant associée aux symptômes dépressifs souvent observés chez les anorexiques.
De quoi offrir un peu d’espoir face à une maladie multifactorielle, avec de fréquentes rechutes et dont l’issue peut être fatale en raison des complications et des suicides souvent associés.
Affaire à suivre.