Dysbiose oropharyngée: durée d’hospitalisation et certains médicaments mis en cause.

Une étude révèle que le risque de dysbiose oropharyngée chez les patients hospitalisés augmente avec la durée d’hospitalisation, l’utilisation de certains traitements et pointe du doigt les bactéries intestinales comme étant le plus souvent à l'origine de la perturbation.

Publié le 22 décembre 2020
Mis à jour le 22 juillet 2024
Photo : Length of hospital stay and certain medication linked to oropharyngeal disturbance

A propos de cet article

Publié le 22 décembre 2020
Mis à jour le 22 juillet 2024

Le microbiote oropharyngé (MO) comprend une grande variété de bactéries qui aident à maintenir un environnement local équilibré. Certaines maladies et médicaments tels que les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) peuvent perturber cet équilibre et ainsi permettre aux agents pathogènes opportunistes de coloniser le tractus oropharyngé. Durant l’hospitalisation, la micro aspiration de ces microorganismes dans les voies respiratoires inférieures pourrait augmenter le risque de pneumonie nosocomiale. La détection précoce d’une dysbiose oropharyngée pourrait être un moyen de réduire l’occurrence de cette infection. Ainsi, des chercheurs ont étudié l'apparition potentielle d’une dysbiose oropharyngée pendant la durée d’hospitalisation et ont identifié les caractéristiques des patients associées à ce déséquilibre.

La dysbiose oropharyngée augmente avec la durée d’hospitalisation

Les échantillons oropharyngés de 134 patients hospitalisés ont été récoltés dans les 24 h suivant l’admission, au 3ème jour, puis tous les 4 jours durant l’hospitalisation. Les prélèvements ont été analysés par culture bactérienne conventionnelle et spectrométrie de masse MALDI-TOF puis les pathogènes ont été classés en 3 catégories : pathogènes issus du tractus respiratoire, espèces provenant du microbiote intestinal, levures. Chez 89% des patients, l’écouvillon récolté à l’admission montre un MO équilibré. Les auteurs constatent qu'une proportion significative de patients développe une dysbiose du MO au cours de leur séjour, et que le nombre de patients présentant ce déséquilibre augmente avec la durée du séjour.

Antibiotiques et IPP : responsables du déséquilibre

La prescription d’antibiotiques durant l’hospitalisation semble associée à ce déséquilibre. De même, la prise d’IPP et d’antibiotiques avant l’hospitalisation serait prédictive de la dysbiose oropharyngée et constituée d’espèces bactériennes provenant du microbiote intestinal. L’étude révèle que le risque de contracter une pneumonie nosocomiale était augmenté chez les patients traités par IPP ou antibiotiques avant leur séjour hospitalier. D’autre part, les patients admis à l’hôpital sur une courte durée avaient un risque plus faible de colonisation oropharyngée par des espèces intestinales. Ces résultats renforcent le besoin de vigilance dans la prise en charge des patients ayant des facteurs de risque associés à la dysbiose oropharyngée. Les patients admis à l’hôpital et précédemment sous IPP ou antibiothérapie devraient bénéficier d’une physiothérapie plus agressive visant à maximiser l'aération pulmonaire et à minimiser l’aspiration. Ainsi, une détection précoce d’un déséquilibre du MO pourrait être un moyen de réduire la survenue de pneumonie nosocomiale.