Pollution de l’air : bébé exposé, microbiote perturbé
Faut-il se mettre au vert pour protéger ses enfants des maladies pulmonaires et cardiovasculaires ? Selon une étude publiée dans Gut Microbes, la pollution de l’air altère significativement le microbiote des bébés ce qui pourrait impacter leur santé future.
- Comprendre les microbiotes
- Microbiote et troubles associés
- Agir sur nos microbiotes
- Publications
- À propos de l’Institut
Section professionnels de santé
Retrouvez ici votre espace dédiéen_sources_title
en_sources_text_start en_sources_text_end
A propos de cet article
Transport routier, usines, chauffage au bois… On sait depuis longtemps que la pollution de l’air a des effets délétères sur la santé pulmonaire et cardiovasculaire de l’homme. Des études récentes ont montré qu’elle affectait le microbiote des adultes. Mais quel est l’impact des polluants sur celui des plus jeunes ?
Pour répondre à cette question, des scientifiques de l’université du Colorado à Boulder (États-Unis) ont mesuré le degré d’exposition aux polluants atmosphériques de 103 enfants californiens âgés de 6 mois. En parallèle, ils ont prélevé leurs selles afin d’analyser la composition de leurs microbiotes.
9 personnes sur 10 Selon l’OMS, 9 personnes sur 10 respirent un air pollué sur Terre.
7 millions Cette pollution serait responsable chaque année de 7 millions de décès.
(sidenote: WHO. https://www.who.int/news-room/spotlight/how-air-pollution-is-destroying-our-health/10-things-to-know-about-air-pollution )
Des perturbations inquiétantes du microbiote…
Les calculs des scientifiques montrent que plus les enfants sont exposés à la pollution, plus la structure de leur microbiote est modifiée, et ce, même en tenant compte de l’influence du poids de naissance, du statut économique de la famille, du mode d’accouchement et du type d’allaitement.
Pollution de l’air : un enjeu majeur de santé publique
Le chauffage résidentiel, le transport routier mais aussi les chantiers, les industries et les carrières sont les principales sources de pollution de l’air. Ils sont à l’origine de l’émission de particules toxiques appelées « PM » (particulate matter) et de dioxyde d’azote NO2. Les particules fines sont susceptibles de traverser les membranes protectrices de l’organisme et d’affecter le cœur, les poumons et le cerveau.
Les enfants sont particulièrement sensibles à la pollution de l’air. Elle entraîne chez eux des maladies respiratoires, des cancers et des troubles cognitifs.
Selon les résultats, les microbiotes des bébés les plus exposés contenaient davantage de Dialister et Dorea, deux genres bactériens associés, chez l’adulte, à une réponse inflammatoire systémique et à un risque plus élevé de cancer, de sclérose en plaques et de troubles mentaux.
Leurs microbiotes contenaient également moins de bactéries productrices d’acides gras à longue chaîne ( (sidenote: AGCC Acides gras à chaîne courte ) ) dont on connaît les effets bénéfiques sur la perméabilité intestinale, la santé cardiovasculaire, la communication intestin cerveau ou la (sidenote: Barrière hémato-encéphalique La barrière hémato-encéphalique est une barrière "physique" qui permet de séparer le système nerveux central (SNC) de la circulation sanguine. Elle agit en contrôlant étroitement les échanges entre le sang et le compartiment cérébral. Engelhard HH, Arnone GD, Mehta AI, Nicholas MK. Biology of the blood-brain and blood-brain tumor barriers. InHandbook of Brain Tumor Chemotherapy, Molecular Therapeutics, and Immunotherapy 2018 Jan 1 (pp. 113-125). Academic Press. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/B9780128121009000085 )
Comprendre les effets de la pollution sur les communautés microbiennes
Cette étude met évidence pour la première fois une association entre exposition aux polluant de l’air ambiant et la composition de la flore intestinale des jeunes enfants. Bien que préoccupants, ces résultats devront être confirmés et complétés par d’autres études. Prochaines étapes pour les chercheurs : suivre dans le temps l’évolution des microbiotes des enfants de la cohorte, tenter de comprendre par quels mécanismes la pollution exerce ses effets sur les communautés microbiennes et savoir si les modifications sont réellement associées à des problèmes de santé.