Infertilité masculine : une implication des bactéries du sperme ?
Et si quelques-unes des bactéries présentent dans le sperme des hommes étaient impliquées dans leur infertilité ? C’est ce que suggèrent les résultats d’une étude 1 publiée début 2024, qui s’est penchée sur ce microbiote.
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A propos de cet article
Lorsqu’un couple rencontre des difficultés à concevoir un enfant, la fertilité des deux partenaires est évaluée. Chez l’homme, une analyse du sperme, appelée
(sidenote:
Spermogramme
Examen qui évalue la qualité d’un échantillon de sperme, et notamment son volume (volume normal moyen = 1,4 mL), son pH (qui devrait être égal ou supérieur à 7,2), sa concentration en spermatozoïdes (normalement supérieure ou égale à 16 millions par mL), la motilité de ces derniers (au moins 30 % doivent être capables d’avancer lors de leur progression, et non de tourner en rond voire de ne pas se déplacer) et leur vitalité (> 54 %). D’autres éléments sont également pris en compte comme la morphologie des spermatozoïdes, l’aspect global de l’échantillon ou sa viscosité.
Pour un patient donné, une analyse de sperme ne peut jamais confirmer ou infirmer la fertilité ; son potentiel de fertilité dépend également de plusieurs autres paramètres et du potentiel de fertilité de son partenaire.
Source : WHO
)
, est en général prescrite. En dépit de cet examen, presque 1 cas sur 3
(sidenote:
Infertilité
Maladie de l'appareil reproducteur masculin ou féminin définie par l'impossibilité de parvenir à une grossesse après 12 mois ou plus de rapports sexuels réguliers non protégés. / Infertility : disease of the male or female reproductive system defined by the failure to achieve a pregnancy after 12 months or more of regular unprotected sexual intercourse.
Source : OMS
)
(sidenote:
Infertilité de l’homme
maladie le plus souvent due à des problèmes d'éjection du sperme, à l'absence ou à la faible quantité de spermatozoïdes, ou à une forme (morphologie) ou un mouvement (mobilité) anormaux des spermatozoïdes. / Men infertility : disease most commonly caused by problems in the ejection of semen, absence or low levels of sperm, or abnormal shape (morphology) and movement (motility) of the sperm.
Source : OMS
)
reste non expliqué. Mais une nouvelle piste est aujourd’hui avancée : celle du microbiote du sperme.
Des chifres clés sur l'infertilité
1 personne sur 6 souffre d'infertilité au cours de sa vie. 2
50 à 60% baisse significative du nombre de spermatozoïdes entre 1973 et 2011 chez les hommes d'Amérique du Nord, d'Europe, d'Australie et de Nouvelle-Zélande. 3
30-50% des cas d'infertilité expliqués seraient liés à l’homme. 4
L. iners, une bactérie anti-fertilité ?
On le sait, le sperme est loin d’être stérile. Il abrite une communauté de micro-organismes, au premier rang desquels des bactéries appelées Enterococcus faecalis, Staphylococcus epidermidis, Corynebacterium tuberculostearicum et Lactobacillus iners. Avec néanmoins de subtiles différences associées à la qualité du sperme. Ainsi, chez les hommes dont les spermatozoïdes ont du mal à avancer (et donc auront du mal à grimper jusqu’à l’ovule), la bactérie Lactobacillus iners se révèle bien plus présente : elle compte pour 9,4 % des bactéries du sperme contre 2,6 % chez les hommes dont les spermatozoïdes affichent une motilité normale.
Or la forte présence de cette bactérie dans le vagin des femmes a, dans une précédente étude, été associée à une moindre réussite des procréations médicalement assistées (PMA). Son effet délétère pourrait s’expliquer par sa faculté à favoriser l’inflammation, ce qui ne fait en général pas un très bon nid pour la fertilité !
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le microbiote du sexe des hommes (sans jamais oser le demander)
Des Pseudomonas également impliquées
Les 3 autres bactéries pointées du doigt par les chercheurs appartiennent toutes au genre Pseudomonas, jusque-là inconnu des services de police de la fertilité : un sperme peu concentré en spermatozoïdes se montre en effet plus riche en Pseudomonas stutzeri et P. fluorescens, et moins riche en P. putida. Les chercheurs suspectent donc que les deux premières bactéries de ce genre puissent aller de pair avec une fertilité en berne, tandis que la dernière pourrait avoir un effet salutaire.
Certes, encore une fois, il ne s’agit que de corrélations et non de relations de cause à effet. Pour autant, ces résultats suggèrent que ces quelques bactéries pourraient jouer un rôle dans la qualité du sperme, et donc la fertilité masculine. A suivre donc dans de prochaines études…
1. Osadchiy V, Belarmino A, Kianian R et al. Semen microbiota are dramatically altered in men with abnormal sperm parameters. Sci Rep. 2024 Jan 11;14(1):1068.
2. https://www.who.int/health-topics/infertility
3. Levine H, Jørgensen N, Martino-Andrade A et al. Temporal trends in sperm count: a systematic review and meta-regression analysis. Hum Reprod Update. 2017 Nov 1;23(6):646-659. doi: 10.1093/humupd/dmx022.
4. Eisenberg ML, Esteves SC, Lamb DJ et al. Nat Rev Dis Primers. 2023 Sep 14;9(1):49.