Microbiote et mucoviscidose
Revue de presse
Par le Pr. Ener Cagri Dinleyici
Pédiatrie, Faculté de médecine de l’Université Eskişehir Osmangazi, Eskisehir, Turquie
en_sources_title
en_sources_text_start en_sources_text_end
Chapitres
A propos de cet article
Auteur
La mucoviscidose est une maladie génétique progressive entraînant des infections persistantes des voies respiratoires inférieures et qui est associée à différents signes et symptômes systémiques. Plus de 70 000 personnes en sont atteintes dans le monde [1].
Les types et la sévérité des symptômes peuvent varier considérablement d’un individu à l’autre. Ils sont principalement liés à l’âge du patient ainsi qu’à son âge au moment du diagnostic. Les enfants et les adolescents atteints de mucoviscidose présentent un large éventail de symptômes et de signes, y compris des manifestations gastro-intestinales. Des études récentes ont montré que la dysbiose est une caractéristique de la mucoviscidose, ce qui a donné lieu à des travaux portant sur la relation entre la composition du microbiote des voies aériennes, les caractéristiques cliniques et la fonction pulmonaire chez les malades [2].
La dysbiose du microbiote intestinal associée à la mucoviscidose peut être liée à l’évolution naturelle de la maladie (y compris une atteinte gastro-intestinale ou des altérations du microbiote respiratoire). Cependant, les patients ont besoin de plusieurs cycles de traitement antibiotique, lesquels peuvent modifier la composition du microbiote.
Des études ont montré que les patients atteints de mucoviscidose présentent généralement des taux moins élevés de Bifidobacterium spp., du groupe Bacteroides- Prevotella, du cluster XIVa de Clostridium, de Faecalibacterium prausnitzii et d’Eubacterium rectale, tandis que les taux d’Enterobacteriaceae et de Clostridia sont augmentés. De Freitas et ses collaborateurs ont récemment publié, dans la revue Plos One, une étude visant à évaluer l’effet de la mucoviscidose et d’une antibiothérapie sur la composition du microbiote intestinal chez 19 enfants et adolescents malades par rapport à 17 contrôles du même âge et du même sexe [3]. Le taux de calprotectine fécale (un marqueur de l’inflammation intestinale) était plus élevé dans le groupe atteint de mucoviscidose (indépendamment du traitement antibiotique) par rapport aux contrôles sains. Les auteurs ont montré que les taux de Bacteroides, de Firmicutes, d’Eubacterium rectale et de Faecalibacterium prausnitzii étaient réduits de manière significative, tandis que les taux de Clostridium difficile, d’Escherichia coli et de Pseudomonas aeruginosa étaient significativement augmentés dans le groupe malade par rapport aux contrôles sains. Les principales différences de composition du microbiote entre les patients atteints de mucoviscidose et les contrôles, indépendamment du traitement antibiotique, ont été observées pour les Eubacterium rectale, Bifidobacterium, Escherichia coli, Firmicutes, Pseudomonas aeruginosa et Clostridium difficile. Les résultats de cette étude montrent donc que la composition du microbiote intestinal chez les patients atteints de mucoviscidose est différente de celle des contrôles sains et que l’usage fréquent d’antibiotiques n’a pas d’effets supplémentaires sur ces altérations.