Le duo mucines-microbiote, au centre de l’évolution du cancer gastrique ?
Une étude implique les mucines intestinales dans la dysbiose qui s’installe au fil de la progression du cancer gastrique et dans le pronostic de ce dernier : elles favoriseraient la colonisation de l’estomac par des bactéries orales pro-inflammatoires.
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A propos de cet article
Parce que l’absence de symptômes aux premiers stades de la maladie en retarde la prise en charge, le pronostic du cancer gastrique reste délicat. Si la génétique et les facteurs environnementaux sont impliqués, la cause la plus fréquente est l'infection par Helicobacter pylori, qui favoriserait l’arrivée dans un second temps d’autres bactéries (d’origine orale ou intestinale) impliquées dans le développement de la tumeur. Les (sidenote: Mucine Glycoprotéines qui constituent la majeure partie du mucus, ce gel viscoélastique complexe qui tapisse les épithéliums sécrétoires, les protégeant des particules étrangères et des organismes pathogènes. Source : Demouveaux B, Gouyer V, Magnien M, et al. La structure des mucines conditionne les propriétés viscoélastiques des gels de mucus [Gel-forming mucins structure governs mucus gels viscoelasticity]. Med Sci (Paris). 2018 Oct;34(10):806-812. French. ) sécrétées par le mucus digestif semblent également jouer un rôle : des phénotypes spécifiques de mucines (gastriques aux stades précoces, intestinales dans les stades avancés) sont exprimés dans les adénocarcinomes. Au point d’imaginer qu’il existerait des signatures mucines-microbiote dans les adénocarcinomes gastriques ? C’est en tout cas l’hypothèse d’une équipe belge.
5e Le cancer gastrique est le 5e type de cancer le plus courant.
4e Le cancer gastrique est la 4e cause de décès liés au cancer dans le monde.
Un pronostic mucines-dépendant
L’analyse de la tumeur et des tissus non tumoraux adjacents de 108 patients opérés pour un cancer gastrique, et des biopsies de 20 patients ayant subi une gastroscopie suite à une dyspepsie fonctionnelle (sans tumeur), a permis de mesurer l'expression relative de mucines gastriques (MUC1, MUC5AC, MUC6) et intestinales (MUC2, MUC4, MUC13). Les résultats montrent que trois mucines gastriques sont surtout exprimées dans les tissus sans tumeur (adjacents ou biopsies). A l’inverse, la surexpression de la mucine intestinale MUC13 s’avère typique des tumeurs et corrélée à un mauvais pronostic de l’évolution du cancer.
Un lien mucines-microbiote
Côté bactéries (identifiées par séquençage du gène de l’ARNr 16S), plusieurs taxons préalablement associés à des cancers gastro-intestinaux, en particulier Corynebacterium, Fusobacterium, Streptococcus, Porphyromonas et Prevotella différaient significativement entre les tissus tumoraux, les tissus adjacents non cancéreux et les tissus des biopsies. En outre, des liens entre les bactéries présentes et le phénotype spécifique des mucines au contact de l’environnement de la tumeur étaient observés : Helicobacter était plus présent dans les tumeurs sans mucines ; les taxons (dont certains décrits préalablement comme étant des pathogènes oraux) Prevotella, Veillonella et Neisseria semblaient se développer davantage dans les tumeurs surexprimant MUC13.
Vers un pronostic du cancer gastrique ?
Les mucines pourraient donc jouer un rôle clé dans le pronostic du cancer gastrique et la formation du microbiote tumoral. Un enrichissement en certains taxons bactériens oraux, associé à une surexpression de MUC13, pourrait signer la présence de la maladie. Et le duo mucines-microbiote être utilisé en tant que marqueur précoce de la maladie ? Peut-être, même si l’heure est encore à la prudence, d’autres travaux devant préalablement venir conforter ces premières conclusions.