La dysbiose intestinale à l’origine de la diarrhée persistante ?
Cause importante de mortalité infantile, la diarrhée persistante fait l’objet d’une controverse sur son origine. La composition du microbiote intestinal est une hypothèse qui permettrait de répondre à de nombreuses interrogations sur cette maladie à la pathogénèse obscure.
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A propos de cet article
DIARRHÉE PERSISTANTE : ORIGINE INFECTIEUSE…
La diarrhée persistante est une forme particulière de la pathologie, définie comme un épisode d’une durée supérieure à 14 jours (au-delà de 30 jours, on parle de « diarrhée chronique »). La mortalité qui lui est attribuable est chiffrée (54 % de l’ensemble des décès imputables à une diarrhée), mais sa pathogenèse est pour l’heure mal comprise : s’agit-il de l’évolution d’un épisode aigu ou d’une pathologie à part entière ? Une revue de la littérature20 permet de mettre en évidence que la majorité des chercheurs voient dans la diarrhée persistante une maladie infectieuse, accompagnée d’une colonisation intestinale par des bactéries pathogènes, que ce soit suite à un épisode aigu ou de novo. Cette colonisation serait facilitée par la malnutrition et par d’autres facteurs (notamment une exposition à des antibiotiques) susceptibles d’entraîner une dysbiose intestinale. …
OU DYSBIOSE MICROBIENNE ?
Parmi les autres hypothèses étiologiques, la théorie de la pullulation bactérienne prend de l’ampleur. Elle est née du constat qu’une présence abondante de bactéries commensales perturbe l’absorption du lactose, en particulier Escherichia coli. Relier dysbiose intestinale, concentration d’E. Coli et diarrhée persistante présente de nombreuses pistes dans le décryptage de sa pathogénèse. A ce sujet, certains probiotiques ont montré leur efficacité sur la réduction de la durée de la diarrhée aiguë21 et de la diarrhée persistante chez l’enfant22.
FACTEURS DE RISQUES IDENTIFIÉS
Une analyse des publications scientifiques permet de structurer une ébauche de modélisation de la pathogénèse de la maladie. Parmi les principales catégories de facteurs de risque, une première regroupe le jeune âge (< 1 an, risque x 3), la malnutrition (risque x 2) et un faible poids à la naissance (risque x 1,8). Une infection au cours du mois précédent double également le risque et des antécédents de diarrhée persistante le multiplient par 3 à 6. La troisième catégorie de facteurs est liée aux habitudes alimentaires (diète, substitut au lait maternel…), qui peuvent parfois quadrupler le risque. D’autres facteurs sont également identifiés, dont l’exposition à des antibiotiques. Etiologies potentielles et facteurs de risque avérés soulignent l’importance d’une collaboration rapprochée entre pédiatres, gastro-entérologues, nutritionnistes et biologistes. L’interdisciplinarité pourrait favoriser l’exploration des relations entre infection, habitudes alimentaires et micro-organismes pathogènes et commensaux.