Stéatose hépatique : le microbiote viral également impliqué
En sus des changements bactériens déjà identifiés au niveau du microbiote intestinal des patients développant une stéatose hépatique, une étude y pointe des changements dans la population virale. De quoi espérer identifier et classer selon la sévérité ces patients.
en_sources_title
en_sources_text_start en_sources_text_end
A propos de cet article
Des altérations du microbiote intestinal ont été associées à la gravité de la stéatose hépatique non alcoolique (NASH). Mais ces études portaient uniquement sur la dysbiose bactérienne, tandis que le microbiote viral des patients demeurait encore peu investigué. D’où cette étude prospective, transversale et observationnelle sur les associations entre les caractéristiques du virome intestinal et les différents stades histologiques de la maladie. Pour ce faire, a été séquencé le métagénome des virus de selles de 73 patients NASH à des stades divers et 22 contrôles. Rappelons que les patients ayant un score NAS élevé et des fibroses avancées augmentent leur risque de progression de la maladie, de carcinome et de mortalité.
La gravité associée à la diversité virale
Par rapport aux 29 patients NASH à faible score histologique (NAS 0-4) ou aux témoins, les 44 patients présentant un score NAS élevé (5-8) ou une cirrhose montraient :
- une perte significative de diversité virale intestinale
- et une réduction significative de la proportion de bactériophages1 par rapport aux autres types de virus intestinaux, accrue chez les patients utilisant des IPP (inhibiteurs de pompe à protons).
En outre, le degré de fibrose augmentait avec la dysbiose virale.
Cause ou conséquence ?
Ainsi, 2 marqueurs de gravité de la NASH (score NAS et fibrose) étaient associés à des diminutions significatives de la diversité virale et de la proportion des bactériophages. Pour autant, il ne s’agissait que de corrélations : des études complémentaires seront nécessaires pour déterminer si cette dysbiose est une cause ou une conséquence de la NASH, et comprendre les mécanismes sous-jacents. Le virome pourrait affecter directement l’hôte en déclenchant une réponse immunitaire et/ou influencer le microbiote bactérien : une augmentation de certains phages à Lactococcus (fréquente dans les cas les plus sévères) et à Bacteroides allait de pair avec une perte des bactéries éponymes.
Un modèle prédictif ?
Dans un second temps, un modèle comprenant un indice de diversité virale et des variables cliniques simples (âge, plaquettes…) a été construit, permettant d'identifier : - les patients souffrant de formes graves avec une fiabilité de 0,95 - et les fibroses de stade F2-F4 avec une fiabilité de 0,88. L’ajout de données relatives à la diversité virale a permis de considérablement améliorer les modèles. Et ce, comparativement à ceux se basant uniquement sur des paramètres cliniques ou la diversité bactérienne, 2 critères qui avaient récemment permis à une autre équipe de diagnostiquer une cirrhose hépatique et la distinguer d’une fibrose. Ainsi, les viromes fécaux pourraient être analysés pour identifier les patients à risque de NASH, en lieu et place des biopsies très invasives. Et, pourquoi pas, identifier des cibles thérapeutiques.
1 Virus qui cible et infecte spécifiquement les bactéries