Microbiote Vaginal #20
Par le Pr. Satu Pekkala
Chercheur à l’Académie de Finlande, Faculté des sciences du sport et de la santé, Université de Jyväskylä, Finlande
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Chapitres
A propos de cet article
21% Seule 1 femme sur 5 affirme connaître le sens exact du terme « microbiote vaginal »
Fausses couches à répétition : étude de cas sur la transplantation de microbiote vaginal (TMV)
Ce cas-patient présente un véritable intérêt scientifique. Une femme ayant des antécédents de fausses couches tardives et une dysbiose vaginale sévère a bénéficié d’une transplantation de microbiote vaginal (TMV). Cinq mois plus tard, elle était enceinte, avec une flore vaginale saine, puis accouchait d’un enfant à terme. Pour autant, il convient de préciser les limites de cette étude : elle ne concerne qu’une seule et unique patiente chez qui un syndrome des anti-phospholipides (SAPL, une thrombophilie associée à des fausses couches) avait été diagnostiqué et dont la prise en charge lors sa dernière grossesse pourrait expliquer (partiellement ou totalement) les résultats.
Avant la transplantation, la patiente de 30 ans, mère d’un enfant, avait fait une série de fausses couches, parfois tardives (S27 en 2019, S17 et S23 en 2020). Elle se plaignait depuis neuf ans de démangeaisons et d’écoulements vaginaux, qui s’aggravaient au cours de ses tentatives de grossesse, malgré des traitements. Et pour cause : son microbiote vaginal présentait en juillet 2021 une très forte dysbiose, avec 91,3 % de Gardnerella spp. À titre compassionnel, une TMV issue d’une donneuse saine a été réalisée en septembre 2021, au 10e jour de son cycle menstruel, sans prétraitement antibiotique. En effet, si un traitement antibiotique par voie orale ou vaginale (métronidazole ou clindamycine) laisse espérer un taux de guérison des dysbioses vaginales de 80 à 90 % après un mois, le taux de récidive peut atteindre 60 % à un an et se double d’un risque de résistance. La TMV a rapidement corrigé la dysbiose et ses symptômes, et a installé pour plusieurs mois une dominance de Lactobacillus, avec des souches similaires à celles de la donneuse. En février 2022, la patiente est tombée enceinte naturellement, grossesse pendant laquelle son SAPL a été pris en charge. Le suivi régulier de son microbiote vaginal a révélé, à la 6e semaine de grossesse, le retour de Gardnerella spp. (41,8 %). Une seconde TMV était initialement prévue deux semaines plus tard… mais le jour dit, L. crispatus avait de nouveau largement reconquis le microbiote de la patiente.
Au terme de la grossesse, un petit garçon en parfaite santé est né par césarienne programmée. Ces résultats doivent être confirmés par des études cliniques complémentaires mais suggèrent que la TMV pourrait être un traitement potentiel pour les patientes présentant une dysbiose vaginale sévère, y compris celles à risque de complications après une fécondation in vitro.
Pour les auteurs, cette étude de cas fait office de preuve de concept, mais elle est aussi porteuse d’espoir pour les thérapies basées sur la modulation du microbiote vaginal.