Crohn : Le microbiote intestinal prédictif des récidives ?
La présence d’une certaine famille de bactéries du microbiote intestinal pourrait être impliquée dans la récidive de la maladie de Crohn après résection intestinale. Détecter la présence de ces bactéries pourrait-il présager la récidive ?
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A propos de cet article
Jusqu'à 70% des patients atteints de la maladie de Crohn nécessitent une résection intestinale, parmi lesquels les deux tiers développent une récidive entrainant une nouvelle opération. Le rôle du microbiote associé à la muqueuse intestinale dans la récidive est assez bien décrit, mais peu de données existent quant à l'environnement luminal après résection intestinale. Des chercheurs ont entrepris une vaste étude prospective longitudinale, randomisée, chez 130 patients atteints de la maladie de Crohn après chirurgie, afin d’étudier l’association entre le microbiote intestinal et le risque de récidive.
Enterobacteriaceae et risque de récidive
Une endoscopie a été réalisée pour détecter la récidive de la maladie, à 6 mois chez les 2/3 des patients et une coloscopie chez tous les patients à 18 mois après la chirurgie. Des échantillons de selles ont été prélevés 2 semaines avant la chirurgie et 6, 12 et 18 mois après afin d’analyser le microbiote intestinal par séquençage du gène de l’ARNr 16S. Les résultats révèlent qu’une forte abondance de la famille des Enterobacteriaceae avant l’opération et 6 mois après était associée à un risque accru de récidive de la maladie à 18 mois, tandis que l’augmentation de bactéries appartenant à la famille des Lachnospiraceae était associée à un risque réduit. Les résultats soulignent également que si l'abondance relative de ces familles est importante, l’augmentation de la diversité des espèces au sein de la famille contribue également au risque de récidive ou non.
Un environnement propice à la récidive
Après une chirurgie, l’environnement intestinal est modifié (exposition à l’oxygène, modification du pH, antibiotiques…), entrainant une diminution de la famille des Lachnospiraceae - anaérobies obligatoires - dont certaines espèces sont productrices de butyrate; cette diminution modifierait la disponibilité et le métabolisme du butyrate au sein des colonocytes, entraînant un « switch métabolique » et une augmentation de l'oxygène. Celle-ci serait responsable de la prolifération des Enterobacteriaceae - anaérobies facultatives - estiment les chercheurs. L’intégration de ces (sidenote: De Cruz P, Kamm MA, Hamilton AL, et al. Crohn’s disease management after intestinal resection: a randomised trial. The Lancet. 2015;385(9976):1406–1417 ) permettra de fournir une vision complète de la maladie.