Microbiote urétral : des infections urinaires masculines mieux comprises
L’urétrite est due dans la majorité des cas à des bactéries bien connues. Parmi elles, le gonocoque responsable de la redoutée « chaude-pisse ». Mais l’appareil urinaire possède son propre microbiote qui reste à explorer ! C’est ainsi que des chercheurs ont découvert1 d’autres germes potentiellement impliqués dans cette infection urinaire chez les hommes, différents selon leur orientation sexuelle.
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A propos de cet article
L’urétrite est une inflammation de l’ (sidenote: Urètre Le canal qui véhicule l’urine de la vessie vers l’extérieur de l’individu. ) , le canal de sortie de la vessie. Chez l’homme, elle se manifeste par des brûlures en urinant, des démangeaisons et des écoulements anormaux. Elle peut être due à une infection sexuellement transmissible (IST) : par une bactérie, principalement le gonocoque Neisseria gonorrhoeae, mais aussi Chlamydia trachomatis ou Mycoplasma genitalium, moins souvent par des virus comme l’herpès. Mais jusqu’à la moitié des urétrites non dues au gonocoque sont considérées « idiopathiques » : autrement dit, on ne connaît pas leur origine. Soit l’urétrite n’est pas infectieuse, ce qui reste rare, soit le germe en cause n'est pas identifié. Dans le doute, le médecin prescrit généralement un antibiotique. Mais cette approche non ciblée peut aboutir à des traitements inadéquats ou excessifs qui peuvent à leur tour provoquer des altérations du microbiote.
Le microbiote urétral des hommes atteints d’urétrite idiopathique à la loupe
Par ailleurs, des études récentes suggèrent que les agents infectieux responsables d’urétrites non-gonococciques ne sont pas les mêmes chez les hommes selon qu’ils ont des relations sexuelles avec des femmes (HSF) ou des hommes (HSH). Des chercheurs australiens ont donc souhaité déterminer quelles bactéries, hormis celles que l’on connaît déjà, pouvaient contribuer à l’infection chez l’homme et ce, en tenant compte des pratiques sexuelles. Pour cela, ils ont analysé le microbiote urinaire et urétral d’une centaine hommes (HSF et HSH) présentant des symptômes d’urétrite idiopathique et l’ont comparé à celui d’une centaine d’hommes sans urétrite, en tant que sujets « contrôles ».
Qu’est-ce que l'urétrite non-gonococcique ?
L’urétrite non-gonococcique est une infection sexuellement transmissible (IST). Elle est caractérisée par une inflammation de l’urètre dont les symptômes sont brûlures en urinant, démangeaisons et écoulements anormaux du pénis. L’infection peut être causée par diverses bactéries et moins fréquemment par des virus. L’urétrite non gonococcique n’est pas causée par la gonorrhée.2
Des questions de genre (bactérien) et d’orientation sexuelle
Les scientifiques ont découvert que la bactérie Haemophilus influenzae, qui colonise naturellement le microbiote du nasopharynx (autrement dit du nez et de la gorge), était plus abondante dans le microbiote urétral des HSH souffrant d’urétrite idiopathique. Les chercheurs estiment que le sexe oral sans préservatif pourrait être le mode de contamination de cette infection. Le genre bactérien Corynebacterium était quant à lui augmenté chez les HSF atteints, ce qui a surpris les scientifiques : il est considéré normal dans le microbiote génital masculin. Les auteurs avancent que certaines de ses espèces pourraient devenir pathogènes lorsqu’elles se multiplient. D’autres genres bactériens comme Ureaplasma, Escherichia, certains streptocoques et un staphylocoque étaient également plus présents dans le microbiote urinaire et urétral des individus malades. Ils pourraient également favoriser l’urétrite, selon les scientifiques.
Vers des traitements plus ciblés de l’urétrite masculine
La découverte de ces nouvelles bactéries est une source d'espoir pour les patients. En effet, grâce à ces nouvelles bactéries, les chercheurs peuvent désormais identifier, à partir des orientations sexuelles des patients, de possibles causes d'urétrites infectieuses non-gonococciques. Si ces résultats sont confirmés, les médecins pourraient proposer des traitements plus ciblés à leurs patients. Un petit pas pour la science, un grand pas pour les infections sexuellement transmissible (IST) ?