La grenade au secours des microbiotes cutanés perturbés
La grenade contient des substances qui pourraient contribuer à rééquilibrer les populations de microorganismes vivant à la surface de notre peau. Des chercheurs ont montré qu’un extrait d’écorce affaiblit les bactéries pathogènes et renforce les bactéries bénéfiques.
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A propos de cet article
Un produit naturel, non toxique, éco-responsable, qui améliore l’équilibre du microbiote cutané et contribue à lutter contre les maladies de peau : vous en rêviez ? Une équipe de chercheurs italiens l’a fait… à partir de pelures de grenade destinées à être jetées ! 1
Cette partie non comestible représente 50 % du fruit. Lors de la fabrication de jus et d’extraits de grenade, elle finit habituellement à la poubelle. Elle contient pourtant la majorité des précieux polyphénols de la grenade, dont certains possèdent des propriétés antibactériennes intéressantes pour la santé.
Les chercheurs italiens ont voulu savoir si, en valorisant ces écorces pour en extraire les précieux composés, il serait possible de mettre au point un produit capable de rétablir l’équilibre du microbiote cutané et d’améliorer la santé de la peau.
Bonnes bactéries vs. mauvaises bactéries : la battle
La dysbiose du microbiote cutané, caractérisée par la prolifération de bactéries pathogènes au détriment des bactéries bénéfiques, a en effet été mise en cause dans plusieurs problèmes de peau, comme l’acné, le psoriasis ou la dermatite atopique.
Troubles cutanés
Les chercheurs ont d’abord prélevé des échantillons de microbiote cutané sur la peau de 9 jeunes volontaires, dont 3 souffraient de problèmes de peau liés à une dermatite atopique. Ils ont extrait de ces échantillons :
- des Staphylococcus aureus, les bactéries pathogènes responsables de dysbiose cutanée,
- des Staphylococcus epidermidis, connues au contraire pour leurs effets bénéfiques et leur aptitude à restaurer l’intégrité de la barrière cutanée.
En parallèle, les scientifiques ont préparé un extrait de peau de grenade (Punica granatum L.) en utilisant des méthodes d’extraction économes en énergie et des solvants recyclables. Après avoir vérifié sa non-toxicité, ils ont mis le produit au contact des bactéries prélevées chez les volontaires.
Double effet de la grenade
Résultat : l’extrait de grenade possède à la fois une action antimicrobienne remarquable sur les S. aureus pathogènes et une action protectrice sur les S. epidermidis bénéfiques.
Pour les chercheurs, ces effets sont très probablement liés aux composés phénoliques de la grenade : catéchine, quercétine, acide gallique… Ceux-ci agiraient de manière ciblée, d’un côté en empêchant les bactéries pathogènes d’adhérer à la peau et de former des biofilms protecteurs, et de l’autre en stimulant la capacité des bactéries bénéfiques à synthétiser ces biofilms.
Neutraliser l’ennemi, tout un art !
Tout le monde possède de méchants Staphyloccus aureus à la surface de sa peau. Pourtant, la majorité du temps, ceux-ci ne prolifèrent pas.
Pourquoi ? Parce que les « bonnes » bactéries du microbiote cutané sécrètent un arsenal ultrasophistiqué de redoutables petites molécules (bactériocines, antibiotiques, acides gras à chaîne courte, peptides antimicrobiens…) capables de bloquer la multiplication des Staphylococcus aureus et d’entraver la prolifération.
Par ailleurs, en régulant la réponse inflammatoire, en favorisant l’homéostasie des cellules de la peau et en maintenant l’intégrité de la couche de l’épiderme, les bonnes bactéries contribuent à l’équilibre microbien. Gentilles, mais costauds !
Des essais cliniques devront être menés avant de pouvoir confirmer la capacité de cet extrait à prévenir, atténuer ou guérir les maladies de peau, notamment celles liées aux bactéries résistantes aux antimicrobiens.
Si les résultats sont positifs, cela apporterait une preuve supplémentaire qu’il est possible d’intégrer la santé des écosystèmes à celle de l’homme, dans une approche « One health », « Une seule santé ». 2