Syndrome de l’intestin irritable : le rôle de Brachyspira dévoilé
La présence de Brachyspira au niveau de la muqueuse colique chez certains patients atteints d’un syndrome de l’intestin irritable, démontrée pour la première fois, pourrait être associée à certains symptômes de la maladie comme la diarrhée.
en_sources_title
en_sources_text_start en_sources_text_end
A propos de cet article
L’incidence du syndrome de l’intestin irritable (SII) augmente suite aux épisodes de gastro-entérite, suggérant qu’une dysbiose intestinale pourrait jouer un rôle dans le déclenchement. Pour autant, les recherches actuelles, focalisées sur le microbiote de la lumière intestinale, n’ont pas mis en évidence d’associations probantes entre la composition de ce microbiote et le SII. Changeant de stratégie, une équipe a analysé les bactéries présentes non pas dans la lumière mais dans le mucus tapissant l’épithélium intestinal, à partir de biopsies de la muqueuse du côlon sigmoïde prélevées chez des patients atteints d’un SII (forme avec diarrhée, constipation, mixte ou non classifiée) et des témoins.
Des peptides signant la présence de Brachyspira
Des analyses méta-protéomiques sur une cohorte exploratoire (22 patients, 14 témoins) révèlent alors la présence dans le mucus de peptides microbiens dérivés d’espèces potentiellement pathogènes du genre Brachyspira chez 3/22 patients SII. La présence même des bactéries a été confirmée par microscopie électronique, soit au niveau de la membrane apicale des colonocytes, soit dans le mucus. Des analyses par qPCR couplée à de l’immunofluorescence sur la cohorte entière (62 patients, 31 témoins), indiquent une colonisation par Brachyspira chez 31 % des patients SII, et chez 42 % des patients souffrant de formes diarrhéiques. Aucune colonisation n’était observée chez les témoins.
Brachyspira colonise les colonocytes
La présence spécifique de Brachyspira au niveau de la membrane apicale des colonocytes (par opposition au mucus), observée chez 21 % des patients, était associée à une diarrhée plus marquée et à un transit accéléré. La muqueuse intestinale de ces patients affichait une réponse inflammatoire modérée, ainsi qu’une augmentation de certaines cellules immunitaires (mastocytes). Or l’abondance de ces cellules était corrélée aux scores de douleurs abdominales.
Antibiotiques : des effets contre-productifs ?
Dans une dernière expérience, les chercheurs ont testé chez 4 patients les effets du métronidazole. Un an après le traitement, 3 d’entre eux connaissaient une réduction de la sévérité du SII. Toutefois, si Brachyspira disparaît bien de l’apex des colonocytes, sa présence dans les cryptes et les cellules caliciformes pourrait constituer une nouvelle stratégie d’éviction bactérienne aux antibiotiques. In fine, la colonisation par Brachyspira en cas de SII (en particulier au niveau des colonocytes) semble associée à des réponses cliniques, métaboliques et immunitaires spécifiques, constituant ainsi un potentiel outil diagnostique des différentes formes du SII. En outre, les traitements antibiotiques devraient être considérés avec précaution en cas de SII compte tenu de l’effet invasif qu’ils pourraient favoriser.