Microbiote intestinal et fragilité liée à l'âge
Revue de presse
Par le Pr. Markku Voutilainen
Faculté de médecine de l’Université de Turku ; gastro-entérologie, Hôpital universitaire de Turku, Finlande
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Les auteurs ont analysé le rôle du microbiote intestinal et de la dysbiose dans le développement du vieillissement [1] qui se manifeste par de la fragilité liée à l’âge, la perte de poids, une faiblesse musculaire, la fatigue, un mode de vie sédentaire et une marche ralentie. La faiblesse musculaire est due à la sarcopénie, caractérisée par une perte de masse et de fonction musculaire (force et puissance) et dont la prévalence est de 5 à 13 % chez les personnes âgées de 60 à 70 ans, et de 11 à 50 % chez celles de plus de 80 ans.
Le vieillissement se traduit par une augmentation des réponses inflammatoires, un dysfonctionnement endothélial, des modifications du système immunitaire et un accroissement du stress nitrosatif. Avec l’âge, la biodiversité du microbiote intestinal diminue, et le nombre de micro- organismes pathogènes augmente. Ces modifications sont typiques des personnes de plus de 65 ans et sont imputables à une altération de l’alimentation causée par une réduction de l’appétit, une perte des dents et de l’efficacité de la mastication, des troubles de la déglutition et une malabsorption. Les modifications du microbiote ne sont pas uniformes, mais elles pourraient être associées à la localisation géographique, à l’habitat, au mode de vie (tabagisme, consommation d’alcool), à l’activité physique, à la prise d’antibiotiques et d’autres médicaments ainsi qu’à des facteurs génétiques. Les modifications du microbiote liées à l’âge les plus typiques sont la diminution des bactéries productrices de butyrate (bifidobactéries, Firmicutes) et l’augmentation des Bacteroides. Malgré une importante hétérogénéité interindividuelle, le nombre de micro-organismes pathogènes opportunistes tend à augmenter, ce qui peut accentuer la perméabilité intestinale.
La dysbiose est associée à une réduction de la synthèse des protéines musculaires (résistance anabolique), qui conduit à la sarcopénie. La dysbiose pourrait également réduire la biodisponibilité des acides aminés alimentaires et perturber le métabolisme vitaminique des cellules musculaires squelettiques. Les principaux mécanismes de la sarcopénie induite par la dysbiose sont la résistance anabolique, l’inflammation, les troubles du métabolisme mitochondrial, le stress oxydatif et l’insulinorésistance. La réduction des acides gras à chaîne courte pourrait jouer un rôle central dans les troubles du métabolisme énergétique et protéique musculaire.
Les carences nutritionnelles et l’inactivité physique jouent un rôle central dans la pathogenèse de la sarcopénie et elles ont également un impact majeur sur le microbiote intestinal. Réciproquement, la dysbiose intestinale pourrait moduler l’inflammation systémique, la synthèse des protéines musculaires, la sensibilité à l’insuline et le métabolisme énergétique. À l’heure actuelle, rien ne prouve que la composition du microbiote soit particulière chez les patients sarcopéniques. La présente revue soutient cependant le concept selon lequel le microbiote intestinal joue un rôle dans les effets de la nutrition sur les cellules musculaires (« axe intestin-muscle »).