L’infection à staphylocoque doré serait associée à un plus grand risque d’allergies alimentaires chez les jeunes enfants atteints d'eczéma sévère, selon une étude internationale qui ouvre la voie au développement de nouvelles approches dans la prévention des allergies alimentaires.
Naturellement présente dans le nez et la peau d'individus en bonne santé, Staphylococcus aureus (ou staphylocoque doré) est une bactérie que l’on retrouve en plus grande quantité chez les enfants souffrant d'eczéma, en particulier s’il est sévère. Ce trouble cutané constitue par ailleurs un facteur de risque d’allergies alimentaires. Dès lors, on pourrait imaginer que l’association entre l’infection à staphylocoque doré et les allergies alimentaires chez les personnes souffrant d’eczéma serait liée à la sévérité de cette affection.
Une étude en plusieurs étapes
Cette hypothèse, une équipe de chercheurs l’a testée à partir des données recueillies lors de l’étude (sidenote:
LEAP
Learning Early About Peanut Allergy
), qui suivait 640 bambins à risque élevé d’allergie aux arachides (en raison d’une allergie aux œufs ou d’un eczéma grave, ou des deux à la fois) de la prime enfance jusqu’à l’âge de 5 ans. Les résultats, publiés en 2015, avaient alors montré que la prévention du risque d’allergie aux arachides passait, paradoxalement, par l’introduction précoce de cet aliment chez les bébés à haut risque.
S. aureus, coupable identifié ?
Dans ce nouveau volet de l’étude LEAP, l’analyse des microbiotes du nez et de la peau des jeunes participants montre que plus la colonisation par les staphylocoques dorés est importante, plus l’eczéma est sévère et s’aggrave avec le temps. Et l’association de ces deux affections (infection à staphylocoque doré + eczéma, quelle qu’en soit la sévérité) s’accompagne d’une production accrue de (sidenote:
IgE : les immunoglobulines E sont des molécules sécrétées par l’organisme lors d’une réaction allergique
) produites en réaction allergique aux cacahuètes, aux blancs d’œufs de poule et au lait. Alors qu’elle s’atténue généralement avec l’âge, l’allergie aux œufs a tendance à perdurer chez environ 40 % des enfants étudiés ; celle aux cacahuètes survient même chez les enfants exposés préventivement très jeunes à cet aliment. La présence du staphylocoque doré au niveau du nez et de la peau entraînerait donc bien une réaction allergique à certains aliments.
Vers un espoir thérapeutique ?
D’après les chercheurs, S. aureus empêcherait le développement d’une tolérance naturelle aux œufs et à l’arachide, ce qui déclencherait alors l’allergie. Son éradication chez les enfants souffrant d’eczéma pourrait par conséquent prévenir les allergies alimentaires, suggèrent-ils, plaidant pour la poursuite de travaux afin de préciser le rôle de cette bactérie dans le développement de ces deux affections.
Old sources
Sources :
Olympia Tsilochristou, du Toit G, Sayer PH etal. Association of Staphylococcus aureus colonization with food allergy occurs independently of eczema severity. J Allergy Clin Immunol, 2019