Régime méditerranéen « vert » : quels liens entre santé cardiométabolique et microbiote intestinal ?
Les bénéfices du régime méditerranéen sur la santé cardiovasculaire, bien établis, pourraient impliquer le microbiote intestinal. Des travaux de chercheurs israéliens parus dans Genome Medicine1 révèlent l’impact d’une diète encore plus riche en végétaux sur la structure microbienne et l’activité enzymatique de la flore intestinale, la perte de poids et plusieurs marqueurs cardiométaboliques.
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A propos de cet article
C’est un régime aujourd’hui unanimement préconisé par les sociétés savantes internationales de cardiologie et de diabétologie2,3,4. Etudes épidémiologiques à l’appui, le régime méditerranéen est associé à une meilleure santé générale et une réduction significative des risques cardiométaboliques. Des travaux récents vont plus loin et suggèrent un bénéfice supplémentaire sur la morbi-mortalité de la diminution des protéines et graisses animales au profit de leurs équivalents végétaux (noix, graines, huile d’olive…) dans le régime méditerranéen.
Green-Med, un régime tablant sur les végétaux et leurs polyphénols
Des chercheurs ont réalisé une étude corroborant ces résultats tout en apportant une meilleure compréhension du rôle du microbiote dans ces effets. Ils ont randomisé 294 participants issus de la cohorte DIRECT-PLUS5 de plus de 30 ans (88 % d’hommes) présentant une obésité abdominale et/ou une dyslipidémie en trois groupes : recommandations d’alimentation saine standard, régime méditerranéen et « Green-Med », un régime méditerranéen « optimisé ». Le Green-Med intègre de la lentille d’eau Mankai (100 g par jour), une plante asiatique riche en fibres et en protéines végétales permettant de diminuer la part des viandes, et du thé vert (3 à 4 tasses par jour). Les auteurs ont mis en avant la teneur élevée de ces aliments en polyphénols, capables de modifier la structure taxonomique du microbiote intestinal et d’intervenir sur le métabolisme des graisses6. Tous deux supplémentés en noix (28g par jour), les deux régimes méditerranéens étaient isocaloriques et restrictifs (1500 à 1800 kcal pour les hommes et 1200 à 1400 kcal pour les femmes). Les trois groupes ont associé le régime à la pratique d’une activité physique modérée.
Des modifications dans la structure et l’activité enzymatique du microbiote
Des échantillons fécaux des participants ont été collectés et analysés par séquençage à l’inclusion et à 6 mois. Tous les sujets présentaient des modifications de la structure de leur microbiote intestinal. Le Green-Med a conduit à des changements encore plus substantiels, principalement dans ses espèces rares (<50 %), propres à chaque personne et influencées par l’alimentation. Il a engendré spécifiquement une augmentation des Prevotella, signant l’adhésion à une diète « végétarienne », et une diminution des Bifidobacteria, reconnue pour améliorer l’index glycémique alimentaire et faciliter la perte de poids. Les chercheurs ont également constaté une réduction de la biosynthèse des acides aminés branchés (ou ramifiés), des métabolites impliqués dans l’obésité et la résistance à l’insuline.
Des résultats supérieurs sur le poids et les marqueurs cardiométaboliques
Le Green-Med s’est montré plus efficace en termes de perte de poids (-6,5 % vs -5,4 % pour le régime méditerranéen et -1,58 % pour le régime standard). De plus, des améliorations suivant une tendance similaire ont été observées sur des marqueurs du risque cardiovasculaire, avec une diminution du score de Framingham, du tour de taille, de la pression artérielle moyenne, de résistance à l’insuline et du taux plasmatique de leptine.
-6,5 % Green-Med
-5,4 % Régime méditerranéen
-1,58 % Régime standard
Selon les modélisations des chercheurs, ces bénéfices sont en partie liés à l’impact des changements du microbiote engendrés par le Green-Med, contribuant par exemple à 12% de la perte de poids et à 18% dans la réduction du score de Framingham.
Pour les auteurs, cette étude met en avant les interactions alimentation-microbiote-hôte et confirme les bénéfices du régime Green MED sur la santé cardiométabolique, dont les effets sont en partie médiés par une modification de la composition et la fonction du microbiome intestinal de l'hôte.
5. Tsaban G, Meir AY, Rinott E, et al. The effect of green Mediterranean diet on cardiometabolic risk; a randomised controlled trial Cardiac risk factors and prevention. Heart. 2020;0:1–8.