Le microbiote intestinal module la réponse tumorale chez les patients atteints de cancer
Revue de presse
Par le Pr. Ener Cagri Dinleyici
Pédiatrie, Faculté de médecine de l’Université Eskişehir Osmangazi, Eskisehir, Turquie
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Le 4 février 2018, à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré sur son site Internet que « pratiquement toutes les familles dans le monde sont touchées par le cancer, qui est maintenant responsable de près d’un décès sur 6 dans le monde. À l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer (4 février), l’OMS souligne que le cancer ne doit plus être considéré comme une condamnation à mort car il est possible de réduire son fardeau et d’améliorer la survie et la qualité de vie des personnes vivant avec la maladie » [1].
Au cours des dix dernières années, des progrès remarquables ont été réalisés pour les patients atteints de cancer grâce à de nouvelles stratégies de traitement, notamment les inhibiteurs des points de contrôle immunitaires ciblant les antigènes associés aux lymphocytes T cytotoxiques (CTLA-4 ) et la protéine PD-1. Toutefois, les réponses thérapeutiques à ces nouvelles modalités de traitement sont souvent hétérogènes, et il a été signalé que certains patients n’y répondaient pas. Il a été suggéré que le microbiome intestinal était un facteur important de l’hôte chez les patients non répondeurs, de même que la génomique tumorale. Les études antérieures sur le microbiote et le cancer ont principalement porté sur les modifications du microbiote intestinal (MI) des patients atteints de cancer (« oncobiome ») ou des précurseurs du microbiote afin de définir les cancers à un stade précoce, en particulier les cancers colorectaux. Cependant, de nouveaux résultats prometteurs concernant l’influence du MI sur les réponses immunitaires antitumorales ont émergé. Deux nouvelles études ont été publiées dans le premier numéro de la revue Science cette année.
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Gopalakrishnan et al. [2] ont évalué les microbiomes oraux et intestinaux chez 112 sujets atteints de mélanome malin, recevant une immunothérapie anti-PD-1, et ont comparé la composition initiale du microbiote entre patients répondeurs et non répondeurs. Ils ont relevé des différences importantes en termes de diversité et de composition du MI entre ces deux catégories de patients. Une diversité alpha significativement plus élevée et une abondance relative des Ruminococcaceae/ Faecalibacterium ont été observées chez les répondeurs, et il a été proposé que cette composition favorable du MI renforçait l’immunité systémique et antitumorale chez les sujets atteints de mélanome. Les patients présentant une faible diversité et une abondance relativement élevée des Bacteroidales (microbiome intestinal défavorable) ont des réponses immunitaires antitumorales altérées.
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Matson et al. [3] ont évalué la composition du MI initial chez des sujets atteints de mélanome métastatique avant de recevoir un traitement anti-PD-L1. Parmi les répondeurs au traitement, il a été montré que Bifidobacterium longum, Collinsella aerofaciens et Enterococcus faecium étaient des membres prédominants du microbiote. Ces auteurs ont évoqué que le microbiome commensal pourrait avoir un impact mécanique sur l’immunité antitumorale chez les patients atteints de mélanome métastatique. Sur la base des résultats de ces deux études cliniques antérieures, on estime que le MI initial pourrait jouer un rôle essentiel dans la médiation de la réponse immunostimulante chez les personnes atteintes de mélanome recevant une immunothérapie telle qu’un traitement anti-PD-L1. D’autres études prospectives sont nécessaires pour identifier les interactions précises entre microbiome et cancer, non seulement chez les sujets atteints de mélanome, mais également en termes de pertinence potentielle pour tout type de cancer et les différentes stratégies de traitement.
1 World Cancer Day 2018. http://www.who.int/cancer/world-cancer- day/2018/en/