Microbiote vaginal #21
Par la Pr. Satu Pekkala
Chercheuse à l’Académie de Finlande, Faculté des sciences du sport et de la santé, Université de Jyväskylä, Finlande
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Chapitres
A propos de cet article
Prédire le risque de prématurité via le microbiote vaginal ?
Complications respiratoires, gastro-intestinales et neurodéveloppementales : la prématurité est la principale cause de morbidité et de mortalité néonatales. Le microbiote vaginal semble impliqué, mais les mécanismes sous-jacents demeurent mal compris. Une équipe de chercheurs aux États-Unis a donc suivi, tout au long de leur grossesse, l’évolution du génome du microbiote vaginal de 175 Américaines (40 ayant par la suite connu un accouchement prématuré spontané, 135 ayant accouché à terme). L’étude montre que les 2 types de grossesses se distinguent en termes de composition du microbiote vaginal : certaines espèces bactériennes du genre Lactobacillus comme L. helveticus, L. crispatus, L. gasseri ou L. jensenii sont associées à des grossesses menées jusqu’à leur terme, tandis que les bactéries Megasphaera genomosp., Gardnerella spp. et Atopobium vaginae vont de pair avec la prématurité. Autre enseignement : la diversité génétique du microbiote vaginal est plus élevée durant la première moitié des grossesses qui se termineront prématurément, en raison de l’espèce Gardnerella. Plus précisément, la diversité nucléotidique de Gardnerella spp. augmente au début des grossesses qui se termineront prématurément alors qu’elle demeure stable en cas de grossesse menée jusqu’à terme. Ainsi, la diversité génétique de Gardnerella spp. pourrait peutêtre être utilisée comme biomarqueur du diagnostic précoce de la prématurité. Mais comment expliquer ce pic de diversité nucléotidique de Gardnerella ? Comparativement aux autres bactéries, Gardnerella affiche un taux de croissance 1,5 fois plus élevé au début de la grossesse, des recombinaisons génétiques plus fréquentes et une plus forte sélection des mutations apportant un bénéfice à cette bactérie (et une élimination accrue des mutations délétères). Antibiotiques et autres xénobiotiques seraient impliqués. En effet, le pool génétique plus diversifié de G. swidsinskii semble correspondre à une adaptation aux médicaments, confirmant un effet déjà suggéré des xénobiotiques de l’environnement vaginal ; et les microbiotes vaginaux associés à la prématurité affichent un potentiel de résistance aux antibiotiques plus élevé. Ainsi, la variation génomique des bactéries vaginales affecterait les phénotypes de l’hôte (dont l’issue de la grossesse). Pour autant, les auteurs n’écartent pas une autre explication, même s’ils la jugent peu probable : les associations entre la diversité génétique microbienne et les issues de grossesse pourraient également être une conséquence de facteurs confondants (médicaments, composés chimiques…) non mesurés qui agiraient sur les deux variables.