Dermatite atopique : le mycobiote cutané à la loupe
Un déclin du champignon Malassezia, une présence renforcée de staphylocoques et de candida : la dermatite atopique sévère va de pair avec une dysbiose prononcée des microbiotes cutanés fongique et bactérien.
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A propos de cet article
Maladie inflammatoire de la peau, la dermatite atopique (DA) s’avère complexe et multifactorielle, avec des composantes génétiques (anomalies affectant le gène codant pour la filaggrine, qui participe à la barrière cutanée), immunitaires mais également microbiennes. Par exemple, la peau des patients atteints de DA présente en général une abondance accrue de Staphylococcus aureus. Mais qu’en est-il des communautés fongiques ? Une récente étude1 vient éclaircir cette zone d’ombre.
Moins de Malassezia en cas de dermatite atopique sévère
Des écouvillons de peau ont été prélevés chez 16 patients atteints de DA (9 cas de DA légère à modérée, 7 cas de DA sévère) et 16 individus sains, au niveau de 4 sites cutanés (pli antécubital, cou dorsal, glabelle et vertex). Pour suivre l’évolution par crise de la maladie, les prélèvements ont été réalisés à 3 dates (semaines 0, 2 et 4) pour les patients et 2 dates pour les témoins (semaines 0 et 4).
Prévalence
La dermatite atopique toucherait jusqu'à 20 % des nourrissons et 3 % des adultes dans le monde2, voire 10 % des adultes dans les pays développés3.
Bilan de l’analyse des 320 écouvillons : le champignon Malassezia (et notamment les espèces M. restricta et M. globosa) prédomine chez tous les sujets, sains ou malades. Mais chez les patients souffrant de DA sévère, cette dominance s’effrite à la faveur de champignons comme Candida ou Debaryomyces, ce qui se traduit par une plus grande diversité fongique.
Côté bactéries, les Cutibacterium sont en berne, tandis que les Staphylococcus, et en particulier S. aureus et S. epidermidis, se font plus présents. La plus forte présence de S. aureus pourrait favoriser la prolifération des Candida, une activité synergique entre les deux microorganismes ayant précédemment été démontrée.
Enfin, durant les 4 semaines d’observation, les microbiotes fongiques et bactériens n'ont pas évolué, quel que soit le site cutané.
En lien avec la sévérité de la DA
L’étude montre également un lien entre la dysbiose cutanée et le degré de la DA : les communautés bactériennes et fongiques des patients souffrant de DA sévère différaient significativement de celles des patients atteints de formes légères à modérées et des témoins. Les communautés cutanées de ces deux derniers groupes (formes légères à modérées et témoins) se révèlent d’ailleurs globalement similaires, à quelques exceptions bactériennes près (davantage de staphylocoques et moins de cutibactéries dans la DA légère à modérée versus l’absence de DA). Ainsi, une dysbiose prononcée du microbiote s’avère caractéristique des formes sévères, mais pas des formes moins prononcées de dermatite.
Une peau sous triple influence : Intestin, Cerveau et Microbiote cutané
2. Ellis SR, Nguyen M, Vaughn AR, et al. The Skin and Gut Microbiome and Its Role in Common Dermatologic Conditions. Microorganisms. 2019;7(11):550.
3. Langan SM, Irvine AD, Weidinger S. Atopic dermatitis. Lancet. 2020 Aug 1;396(10247):345-360.