L’antibioprophylaxie intrapartum pour traiter une infection à SGB
Revue de presse
Par le Pr. Ener Cagri DINLEYICI
Service de pédiatrie, Faculté de médecine de l’Université Eskişehir Osmangazi, Eskisehir, Turquie
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Un autre facteur de risque précoce important ayant un impact sur la composition du microbiote intestinal du nourrisson
Au cours de la petite enfance, la composition du microbiote a une influence importante sur la programmation immunologique et métabolique précoce qui peut prédisposer les enfants au risque de développer des maladies plus tard au cours de la vie. Les 1 000 premiers jours de vie représentent une période critique pour la vie entière et les événements précoces (mode d’accouchement, naissance prématurée, méthodes d’alimentation et consommation d’antibiotiques) peuvent avoir un impact sur le microbiote intestinal et nasopharyngé.
Des études ultérieures récentes et prévues visent à évaluer d’autres facteurs de risque éventuels pendant la grossesse et après la période de la petite enfance. L’administration intrapartum d’antibiotiques est largement employée dans le monde entier pour la prévention des infections maternelles associées aux accouchements par césarienne et la prévention/gestion des infections streptococciques du groupe B (SGB).
L’étude récente menée par Stearns et al., publiée dans Scientific Reports [1], est un exemple important des effets des antibiotiques sur la composition à long terme du microbiote intestinal des nourrissons allaités, nés à terme et en bonne santé. Dans cette étude, les auteurs ont décrit la composition du microbiote chez 53 nourrissons nés par voie basse n’ayant pas été exposés aux antibiotiques, 14 nourrissons ayant été exposés à une antibioprophylaxie intrapartum des infections à SGB et 7 nourrissons nés par césarienne, au Canada.
Dans l’ensemble, le microbiote intestinal des nourrissons nés par voie basse n’ayant pas été exposés à une antibioprophylaxie intrapartum différait significativement de celui des nourrissons nés par voie basse mais ayant été exposés à une antibioprophylaxie intrapartum des infections à SGB ou des nourrissons nés par césarienne (également exposés à une antibioprophylaxie intrapartum). En ce qui concerne les résultats de cette étude, le microbiote fécal des nourrissons exposés à une antibioprophylaxie intrapartum présentait une diversité alpha significativement moindre, et l’antibioprophylaxie intrapartum pour l’exposition au SGB pendant un accouchement par voie basse pourrait affecter les taux de Bifidobacterium (retard d’expansion) au cours des12 premières semaines de vie. Cette étude a également montré que la colonisation du microbiote intestinal des nourrissons différait en termes de distribution des bactéries comme dans la majorité des études publiées sur l’effet du mode d’accouchement sur la composition du microbiote intestinal.
Cette étude a révélé qu’une antibioprophylaxie intrapartum des infections à SGB avait une incidence sur tous les aspects de l’écologie microbienne de l’intestin y compris la richesse, la diversité, la structure communautaire des espèces et l’abondance des genres de bactéries colonisatrices. Les résultats de cette étude ont également montré qu’une antibioprophylaxie administrée pour quelque raison que ce soit pourrait affecter la composition du microbiote intestinal des nourrissons et ce résultat a souligné l’importance d’avoir recours aux antibiotiques de manière appropriée.
En 2016, Cassidy-Bushrow et ses collaborateurs ont publié les interactions entre une infection à SGB de la mère et le microbiote intestinal des nourrissons [2]. Dans cette étude menée dans le cadre d’une cohorte de naissances à risque général basée sur la population, des échantillons de selles ont été recueillis dans les couches des nourrissons âgés de 1 et 6 mois. Les auteurs ont montré que le statut SGB de la mère était statistiquement et significativement associé à la composition bactérienne intestinale au 6e mois et que les nourrissons nés de mères positives au SGB présentaient un enrichissement important en Clostridiaceae, Ruminococcoceae et Enterococcaceae au 6e mois. Mazzola et al. ont également démontré les conséquences à court terme d’une antibioprophylaxie intrapartum chez la mère administrée dans le but de prévenir une infection à SGB sur la population microbienne fécale des nourrissons, en particulier chez les nourrissons allaités [3].
Une altération de la composition du microbiote a été associée à l’obésité, aux allergies, aux maladies inflammatoires de l’intestin, au cancer du côlon ; d’autres études sont nécessaires pour la définition (le cas échéant) des effets de causalité. Ces résultats mettent également en évidence les besoins médicaux non satisfaits en termes d’immunisation maternelle avec des vaccins éventuels contre le SGB.