F. nucleatum : marqueur pronostique en cas de cancer de l’œsophage ?
La charge tumorale en Fusobacterium nucleatum pourrait prédire une moins bonne réponse à la chimiothérapie et constituer un marqueur pronostique défavorable en cas de cancer de l’œsophage. De quoi inspirer de nouvelles antibiothérapies ciblant cette bactérie ?
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A propos de cet article
Sixième cause de mortalité par cancer, le cancer de l’œsophage reste hautement meurtrier, avec des taux de survie à 5 ans de 15 à 20 %. Le cancer de l’œsophage à cellules squameuses (COCS) constitue le sous-type le plus fréquent. Les traitements actuels reposent notamment sur une (sidenote: Chimiothérapie néoadjuvante (NAC) dans le but de réduire la taille de la tumeur avant la chirurgie ) (NAC) précédant la résection œsophagienne. Bien que les patients répondant favorablement à la NAC présentent de meilleures chances de survie, la plupart des tumeurs développent une résistance à la NAC. Comprendre les mécanismes à l’origine d’une telle résistance revêt donc une importance capitale pour améliorer les réponses au traitement et donc la survie des patients.
Fusobacterium nucleatum : quel rôle tumoral ?
Or, la composition du microbiote intestinal a déjà démontré sa capacité à influencer la réponse à certains traitements du cancer comme l’immunothérapie et la chimiothérapie. En outre, la charge tumorale en Fusobacterium nucleatum est récemment apparue comme associée à une survie réduite et/ou des taux de récidive accrus en cas de cancer colorectal… mais aussi en cas de COCS. C’est ce qui a motivé des chercheurs à évaluer, pour la première fois, la valeur pronostique des taux de F. nucleatum dans les tumeurs de patients COCS et leur capacité à prédire la réponse à la NAC, dans 2 cohortes japonaises indépendantes réunissant 551 sujets.
Marqueur prédictif de survie réduite…
Premier constat : une quantité plus élevée de F. nucleatum est mesurée dans les tissus tumoraux par rapport aux tissus sains adjacents. De plus, la charge tumorale en F. nucleatum est associée d’une part au stade d’avancement de la tumeur, d’autre part à une réduction du taux de survie sans récidive (SSR). L’association entre F. nucleatum et la survie réduite est observée même chez les patients au stade précoce, suggérant que la bactérie pourrait favoriser l’agressivité de la tumeur. Le taux intra-tumoral de F. nucleatum pourrait ainsi constituer un biomarqueur pronostique.
… et de mauvaise réponse à la chimiothérapie
Enfin, des analyses chez un sous-groupe de 101 patients bénéficiant d’une NAC montrent de moins bonnes réponses tumorales au traitement chez les patients présentant des taux accrus de F. nucleatum. Bien que les mécanismes susceptibles d’expliquer le rôle de F. nucleatum dans la résistance accrue des tumeurs restent spéculatifs (activation de voies métaboliques conduisant à l’autophagie cellulaire ? désactivation des substances chimiothérapiques ?), les chercheurs envisagent une piste thérapeutique prometteuse : une antibiothérapie ciblant F. nucleatum pourrait-elle améliorer les réponses à la chimiothérapie ? Travaux à suivre.