Dr Perez-Cruz (lauréate mexicaine 2020) : Microbiote intestinal et dysfonctionnement cognitif féminin

Pour célébrer la #WorldMicrobiomeDay, le Biocodex Microbiota Institute donne la parole aux lauréats nationaux de la Biocodex Microbiota Foundation. 

Publié le 13 juin 2022
Mis à jour le 13 juillet 2022

A propos de cet article

Publié le 13 juin 2022
Mis à jour le 13 juillet 2022

Claudia Pérez Cruz

Investigatrice principale au Cinvestav, Service de Pharmacologie, Mexico, Mexique. 

Spécialiste en science expérimentale qui étudie l’influence du microbiote intestinal sur les fonctions cognitives supérieures du cerveau, et notamment le lien entre certaines bactéries intestinales spécifiques et l’apparition de démence et de maladies neurodégénératives telles que l’Alzheimer. Son équipe explore actuellement le lien éventuel entre le microbiote intestinal et les troubles cognitifs survenant chez la femme ménopausée. Son but est de mettre au point un traitement préventif pour la maladie d’Alzheimer chez la femme. 

Qu’est-ce que la bourse nationale vous a permis de découvrir dans votre domaine de recherche sur le microbiote? 

La bourse de la Fondation Biocodex (2020) nous a permis de mener une étude pluridisciplinaire visant à mieux comprendre l’interaction entre le microbiote intestinal et les troubles cognitifs chez la femme.


Les données scientifiques indiquent que les patients atteints de la maladie d’Alzheimer développent une dysbiose intestinale de plus en plus sévère au fur et à mesure de l’évolution de la maladie. Les résultats préliminaires de notre laboratoire révèlent l’absence de certaines bactéries intestinales spécifiques liées au métabolisme de l’œstrogène chez les souris femelles transgéniques pour la maladie d’Alzheimer. L’œstrogène est une hormone sexuelle associée à une meilleure fonction cognitive. Après la ménopause, on observe une corrélation entre la chute abrupte des concentrations d’œstrogène et le dysfonctionnement cognitif et la démence. Nous avons donc émis l’hypothèse selon laquelle la dysbiose intestinale pourrait augmenter le risque de démence chez les femmes en raison d’une déficience en bactéries liées à l’œstrogène. 


En collaboration avec l’Institut National de Neurochirurgie et de Neurologie (INNN), nous avons conçu une étude clinique transversale à laquelle ont participé des femmes souffrant d’Alzheimer et des femmes en bonne santé servant de témoins. Suivant une approche translationnelle, nous menons actuellement au CINVESTAV une étude préclinique sur des souris femelles transgéniques et des souris de phénotype sauvage provenant de la même portée afin de déterminer la reproductibilité des données recueillies chez l’homme. Nous sommes désormais parvenus à la phase finale de ces expériences. 

Quelles sont les conséquences de cette découverte pour le patient ?  

Puisque les deux tiers des cas dans le monde concernent des femmes, être une femme constitue un facteur de risque pour la maladie d’Alzheimer. Certains ont proposé que la déficience en œstrogène après la ménopause conduirait à un dysfonctionnement cognitif et à la démence. Toutefois, les traitements hormonaux de substitution n’ont pas produit des résultats cohérents en raison des concentrations optimales d’œstrogène et de l’étroite marge thérapeutique. 


Aujourd’hui, plus de 50 millions de personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer, dont plus de 33 millions sont des femmes. Si nous parvenons à confirmer notre hypothèse de travail, nous serons en mesure de concevoir des interventions thérapeutiques capables d’augmenter l’abondance de bactéries liées à l’œstrogène et de prévenir les troubles cognitifs et la démence chez les femmes ménopausées. Cette approche aura un impact considérable sur la qualité de vie des femmes durant des décennies après la ménopause.

 

Les lauréats de la Fondation

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