Dr. Lajud (lauréate mexicaine 2018) : Microbiote & stress

Qu’est-ce que la bourse nationale vous a permis de découvrir dans votre domaine de recherche sur le microbiote?

En utilisant un modèle de stress postnatal chez des animaux « contaminés », qui permet une approche de l’étude de l’axe microbiote-intestin-cerveau plus pertinente du point de vue translationnel, nous avons pu déterminer que la greffe fécale chez des animaux adultes parvient à inverser les conséquences comportementales, métaboliques et neuroendocriniennes du stress auquel ils ont été exposés dans leur jeune âge.

Quelles sont les conséquences de cette découverte pour le patient ? 

À notre connaissance, il s’agit là de la première étude visant à concevoir des traitements centrés sur le microbiote et destinés à des adultes déjà atteints de maladies mentales, métaboliques et neuroendocriniennes en raison du stress subi au cours de l’enfance. Bien que l’importance des traitements préventifs comme les probiotiques chez les enfants soit indéniable, ces interventions ne sont guère pertinentes dans les pays en développement qui sont déjà en proie aux effets dévastateurs du stress auquel les personnes ont été exposées plusieurs dizaines d’années auparavant. Des données recueillies récemment au sein de notre laboratoire montrent qu’au Mexique, 90% des personnes de 35 à 65 ans soignés dans les établissements publics ont connu des expériences traumatisantes au cours de leur enfance. Il existe un lien entre celles-ci et la forte prévalence de dépression et de maladies métaboliques que nous observons au cours de notre pratique clinique. C’est pourquoi l’évaluation de l’efficacité de la greffe fécale sur des modèles animaux cliniquement pertinents, par exemple, des animaux « contaminés », nous permettra de définir et d’affiner de nouvelles stratégies ayant un potentiel translationnel pour le traitement de la dépression et des maladies métaboliques chez l’adulte. 

BMI 22.24